Home A LA UNE Côte d’Ivoire : une nouvelle plainte contre Gbagbo en Belgique

Côte d’Ivoire : une nouvelle plainte contre Gbagbo en Belgique

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Alors que tout le monde l’annonce en Belgique et que ce pays a donné son accord pour l’accueillir dans le cadre de sa mise en liberté provisoire, laurent gbagbo pourrait finalement renoncer à s’y rendre et choisir un autre pays d’Europe, voire simplement décidé de rester aux Pays-Bas. En effet, une plainte de 2001 d’un Ivoirien originaire du nord l’attend dans ce pays. Brahima Touré est un des rescapés du mémorable « charnier de Yopougon », 57 personnes massacrées au lendemain de la prise de pouvoir par gbagbo. Elles sont toutes originaires du nord de la Côte d’Ivoire ou ressortissants de pays limitrophes de la Côte d’Ivoire.
Appuyé par l’ONG belge « Prévention Génocide », la plainte avait été jugée recevable et la justice de ce pays s’était déclarée compétente au nom de la « compétence universelle » de ses juridictions. Le crime de génocide étant imprescriptible, ce dossier n’a jamais été classé, et une éventuelle libération de gbagbo relancerait cette affaire. Les avocats de gbagbo pourraient plaider le principe de « la chose jugée » qui consiste à ne pas juger deux fois la même affaire. Sous la pression des ONGs des Droits Humains, des gendarmes avaient été arrêtés et jugés dans cette affaire du « charnier » de Yopougon, mais le procès s’était déroulé dans l’enceinte même de la gendarmerie à Abidjan, et aucun témoin n’avait eu le courage de s’y présenter. Le « procès » s’était soldé par un non-lieu général, comme si les 57 morts s’étaient suicidés collectivement. Les Associations ivoiriennes et internationales des Droits Humains avaient toutes dénoncé un « simulacre de procès ». Le vrai procès sur l’affaire du « charnier de Yopougon » pourrait donc avoir lieu, cette fois-ci en Belgique, avec à la barre laurent gbagbo et Moïse Lida Kouassi, son ancien ministre de la Défense. Les deux autres coaccusés dans cette affaire (le général Robert Guéi et Emile Boga Doudou) ne sont plus de ce monde.
La présidentielle de 2020 pour gbagbo semble donc bel et bien mort. Car en estimant même que les juges de la CPI rejettent tous les recours de la procureure pour le juger à nouveau, le criminel de guerre gbagbo devra faire face à des cascades de procédures qui l’attendent dans plusieurs pays. En effet, les familles des sept militaires français tués dans les bombardements de Bouaké par l’aviation de gbagbo ont déposé des plaintes contre l’ex-président ivoirien devant la justice française, qui n’attend que la première occasion pour le cueillir.
Finalement, aussi paradoxale que la situation puisse paraître, c’est encore vers celui à qui il voulait faire la peau, son ennemi juré, qu’il devra se tourner. Après lui avoir sauvé la vie au moment de sa capture, Alassane Ouattara est encore le seul à pouvoir lui éviter la prison. Il semble de plus en plus évident que le seul pays où ce politicien au verbe haut et au discours d’extrême-droite fasciste puisse se sentir réellement à l’abri de toute poursuite judiciaire soit la Côte d’Ivoire. Mais vu les risques de troubles graves à l’ordre publique que son retour dans son pays fait peser, plusieurs analystes sont d’avis qu’il ne serait pas souhaitable pour le président ivoirien de le laisser rentrer avant la présidentielle de 2020.
Lebanco