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L’histoire de Abdoulaye Djibril Barry mort au camp Boiro !

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Abdoulaye Djibril Barry naquit en 1936 à Timbo-Ley-Séré, Mamou. Après ses études secondaires à Conakry, il fréquente l’École normale William Ponty. Il retourne en Guinée et travaille comme instituteur. Il bénéficie d’une bourse en 1957. Il obtient une licence puis un DESS en droit et en sciences économiques. Il enrôle à l’institut des Sciences politiques. Ensuite il fait un stage de 5 mois à la Banque de France. Abdoulaye Barry se marie en 1961 à Paris avec Nadine Boissiéras. Ils auront 4 enfants.
Abdoulaye retourne en Guinée en 1963. Il occupe plusieurs hauts postes à la présidence et aux AE. C’était un « grand commis de l’État », un technocrate désireux de servir son pays et qui ne s’occupait guère de politique.
Avec les purges qui suivirent le débarquement de Novembre,1970, Abdoulaye et sa femme voient les rangs de leurs amis se vider. Sa femme retourne à Paris. Abdoulaye comprend que son salut est dans la fuite. Clandestinement, il réussira à joindre le territoire Ivoirien. Mais il sera rattrapé par les milices que Siaka Touré avait postées à la frontière pour surveiller les cadres. Abdoulaye est emprisonné à Sinko. Transféré à Kankan, il sera sauvagement torturé par l’infirmier militaire surnommé Néguédioulou, qui s’acharnait particulièrement sur les Peuls. Néguédioulou menait jusqu’à une époque récente une vie de grabataire à Kouroussa.
Lors de son transfert au camp Boiro, l’escorte était commandée par Jean Kolipé Lamah (qui deviendra en 1985 ministre de la Justice, puis de la Santé de Lansana Conté), et le gendarme Kourouma Amara, dit Bembeya. Mais, Abdoulaye ne survivra pas à ses tortures. Il rendit l’âme à 110 km de Kankan, près de TOKOUNOU. Il sera enterré a KOWON NAFADJI, à 1800 m de l’entrée du village.
Nadine Barry écrit que son mari, « fut enterré comme un chien, à 25-30 cm de profondeur seulement, mais – comme d’habitude pour tout prisonnier politique décédé – avec tous les gros cailloux trouvés dans les environs pour éviter que les animaux ne le déterrent. »
Depuis la mort de son mari, Nadine Barry a fait preuve d’un courage exemplaire. Grace à ses recherches et ses livres, les crimes de Sékou n’ont pas été oubliés. Elle a pu en outre localiser les restes de son mari pour lui donner un enterrement convenablement. Comme un acte de reconnaissance pour le travail qu’elle mène en vue de voir le règne de la justice Guinée, cet hommage lui est aussi adressé.
Nadine Bari est née en 1940 en Dordogne. Elle a un doctorat en droit de la Sorbonne, et est diplômée de l’École Supérieure de Traducteurs. Elle fut cofondatrice et présidente de l’Association des familles françaises de prisonniers politiques en Guinée à Paris, de l’Association Guinée-Solidarité à Strasbourg. Depuis 2000, elle s’est réinstallée en Guinée où elle mène une retraite active à la tête de l’ONG « Guinée Solidarité » qui assiste les paysans handicapés. Elle est aussi membre active de l’AVCB.