La Guinée est malade de ses élites dirigeantes. Ces gens, le plus souvent issus de familles modestes, ne tolèrent plus de vivre sobrement.
Ils roulent dans de grosses cylindrées consommatrices de carburant. Dans leurs bureaux, les climatiseurs ronronnent en permanence, les télés et réfrigérateurs ne s’éteignent pas.
Au lieu d’équiper le peu d’hôpitaux et centres de santé du pays, priorité est donnée à l’importation de ces gadgets pour les chefs à tous les niveaux des administrations publiques.
Pour aggraver la situation, la nouvelle mode qui fait fureur au pays, consiste pour tous ceux qui ont accès à la manne financière de l’État, d’installer leurs familles dans les pays occidentaux. Ces familles ont droit à des appartements, des frais de scolarité des enfants, les shopping luxueux etc.
Vous ne pouvez imaginer l’ampleur de la saignée financière que ça coûte à notre pays.
Les centaines de projets financés par les bailleurs de fonds, les emprunts extérieurs et intérieurs n’auront servi qu’à entretenir cette caste corrompue et repue de notre argent.
Le pays est abandonné à lui-même, ses populations paupérisées avec un déficit criard d’infrastructures de base.
Le véritable enjeu n’est pas l’alternance au pouvoir, mais le changement de mentalité des élites du pays qui ne sont rien d’autres que des consommateurs de luxe des entreprises mondiales.
Les pères du miracle asiatique que sont le général Park Chung-Hee de Corée du Sud, Lee Kwan Yew de Singapour et Mahathir Mohamad de Malaisie vivaient sobrement. Ils n’étaient portés que par l’ambition de sortir leurs pays de la pauvreté et de les hisser au niveau des pays développés. À force de travail acharné, ils ont réussi leur pari.
Vous ne trouvez pas scandaleux qu’Alpha Condé qui a mis notre pays en coupe réglée prétende encore diriger à vie la Guinée?
Une prise de conscience des élites montantes est nécessaire pour changer la donne.
Jerry Rawlings est une bonne référence pour nous. Nous l’avons vu se retrousser les manches pour travailler dans la plupart des chantiers du pays. On ne lui connaît pas de goût prononcé pour le luxe avec des dépenses pharaoniques à couper le souffle. Il était aussi un exemple pour Thomas Sankara qu’il a précédé comme chef d’État. Ce dernier agissait exactement comme lui, présent sur les chantiers et menant une vie de simplicité. C’est lui qui a imposé la cure d’austérité à l’État Burkinabé afin qu’il cesse de vivre au-dessus de ses moyens. Et le changement a été radical dans tout le pays.
Les dirigeants d’un pays pauvre comme la Guinée ne doivent pas se payer le luxe de mener un train de vie somptuaire.
Il faut que cela change.
Alpha Saliou Wann