Nous prenons acte de la prise du pouvoir par le Comité National de Rassemblement et du Développement CNRD.
Nous avons noté avec intérêt leur engagement à restaurer nos droits démocratiques. Leur diagnostique de la situation de notre pays est objectif et remonte à la racine du mal guinéen. Mais, le peuple de Guinée est fatigué de plus de 60 ans de profession de foi prônant la liberté et la dignité. Il veut des actes concrets et non des discours de circonstance trompeurs. Il a besoin de dirigeants qui respectent le plus sacré de nos valeurs ancestrales : le respect de la parole donnée. Leurs prédécesseurs ne l’ont pas respecté par le passé. Nous espérons ardemment qu’ils tiendront parole.
C’est un putschiste militaire qui vient de chasser du pouvoir un autre putschiste civil. Ce dernier a trahi tous les idéaux démocratiques pour lesquels, il a prétendu s’être battu durant 50 ans.
Nous préférons discuter avec la junte du CNRD qui a mis fin à la pire imposture politique de notre histoire.
Nous avons suivi les réactions des principaux acteurs de la communauté internationale condamnant fermement la mise à l’écart d’Alpha CONDÉ et exigeant sa libération et le retour à l’ordre constitutionnel.
Toutefois, nous devons rappeler à la communauté internationale qu’Alpha Condé a massacré froidement des Guinéens pour garder illégalement le pouvoir. Il a mûrement programmé ces assassinats de masse comme l’atteste son interview dans le quotidien français Le Monde où il justifie l’emploi de la violence pour s’octroyer un 3ème mandat comme l’ont fait, selon lui, certains de ses pairs africains. Il n’a eu aucun respect pour notre Constitution et les lois de la République. Il a mis un terme à l’ordre constitutionnel. Il est donc disqualifié moralement et politiquement pour diriger notre pays.
Le communiqué du président en exercice de la CEDEAO aurait été salutaire pour exiger à Alpha CONDÉ le strict respect de la Constitution en vigueur qui l’interdisait de briguer plus de deux mandats consécutifs ou non.
Toutes les instances africaines et internationales avaient pris acte du coup de force d’Alpha CONDÉ. Il n’a eu droit à aucune condamnation ni menace de sanctions pour toutes ses violations graves de notre Constitution et des chartes sur la bonne gouvernance démocratique de la CEDEAO et de l’UA. Il ne doit pas y avoir une politique du deux poids, deux mesures.
Nous avions mis en garde Alpha CONDÉ de ne pas suivre les traces de l’ancien président nigérien Mamadou Tandja. Il a fait la sourde oreille et donc il était prévisible que l’armée lui retire son soutien.
Nous réitérons notre disponibilité à discuter avec le CNRD de la mise en route d’une transition consensuelle et apaisée pour le retour à l’ordre constitutionnel. Nous exhortons la CEDEAO, l’UA et l’ONU à soutenir ce processus de sortie de crise.
Que Dieu bénisse la Guinée.
Alpha Saliou Wann
Président de l’AFD.