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Un religieux invite le Général Président Mamadi Doumbouya à respecter ses engagements initiaux
Comme l’a dit le prophète <
C’est au nom de ce qui fait de moi un mentor, un conseiller, ou même un prédicateur dans l’islam que je m’exprime. C’est au nom de cette responsabilité que j’enseigne l’islam aux enfants de mon pays, que je monte sur le minbar, que je saisis le micro pour m’adresser à la communauté. C’est au nom de tout cela, et en étant pleinement conscient que si mon pays souffre, ce sont ces mêmes enfants qui en seront les premières victimes, tout comme ils seront les premiers à bénéficier de sa paix. En sachant cela, et en sachant que ma religion, l’islam, ne se limite pas à l’adoration mais englobe tous les aspects de la vie humaine, je m’appuie sur un hadith du Messager de Dieu, que la paix et les bénédictions soient sur lui, qui dit : « Celui qui ne consacre pas ses jours et ses nuits à conseiller sincèrement pour Allah, Son Messager, Son Livre, ses dirigeants et l’ensemble des musulmans n’est pas des leurs. » Je ne souhaite en aucun cas faire partie de ceux qui sont exclus par cette parole. Le Prophète, que la paix soit sur lui, a ajouté : « Celui qui ne se soucie pas des affaires des musulmans n’est pas des leurs. » Or, sachant que la majorité des habitants de mon pays sont musulmans, et surtout, en étant profondément préoccupé par leurs affaires, je m’engage à agir en tant que Guinéen avant tout. C’est dans cet esprit que je prononce ces mots.
En prenant conscience de la situation actuelle de notre pays et en m’inspirant de son passé, que j’ai appris à travers les récits et les enseignements, je constate avec amertume l’état de sa gouvernance. En 1984, comme nous le savons tous, Lansana Conté a pris le pouvoir par un coup d’État, promettant des élections dans un délai de quarante-cinq jours. Cependant, cette promesse n’a jamais été tenue, car il a confisqué le pouvoir pendant près de vingt-cinq ans. Les conséquences désastreuses de cette confiscation du pouvoir sont encore palpables aujourd’hui. Après la mort de Lansana Conté en 2008, Moussa Dadis Camara, en prenant le pouvoir, a également promis d’organiser rapidement des élections pour rendre à chacun son droit. Malheureusement, cette promesse n’a pas été honorée non plus, et son refus a entraîné des conséquences tragiques et lourdes pour notre nation. Nous en avons été les témoins impuissants.
Comme l’a dit le Prophète Mohamed, que la paix soit sur lui : « Un être humain ne doit pas être piqué deux fois en mettant sa main dans le même trou. » De la même manière, la Guinée ne doit pas être piquée une troisième fois dans le même trou. C’est pourquoi nous exhortons les dirigeants actuels, qui ont su charmer la population par leurs discours, à respecter leurs engagements et les délais qu’ils ont eux-mêmes fixés et juré de respecter. Répéter les mêmes erreurs en espérant des résultats différents est une démarche illogique. Nous cherchons protection auprès d’Allah lorsque nous empruntons le même chemin en espérant atteindre une destination différente.
Par ailleurs, Allah, le Très-Haut, a dit dans le Saint Coran, dans la sourate An-Nahl : « Soyez fidèles au pacte d’Allah après l’avoir contracté, et ne violez pas vos serments après les avoir solennellement prêtés, ayant pris Allah comme garant [de votre bonne foi]. En vérité, Allah sait ce que vous faites. » Ainsi, en nous appuyant sur ces enseignements et en étant conscients de tout cela, nous prions les dirigeants actuels de respecter leurs engagements. Car, au nom de ce qui est écrit dans l’islam et dans la loi, nous ne voyons aucune échappatoire qui pourrait les sauver de la colère de la religion, de l’histoire et du peuple tout en préservant le pays des difficultés passées et futures si ce n’est de respecter leur pacte avec le peuple, dans le plus grand respect et la plus grande intégrité. Et c’est ce que nous leur demandons instamment.
Nous les prions instamment de recourir à la force de la vérité, et non à la vérité de la force. Autrement dit, il s’agit de conférer à la vérité sa puissance en préservant ses institutions et en respectant les engagements contractés, plutôt que d’agir à l’inverse. En effet, nul n’ignore que les dirigeants détiennent le monopole de la force. Cependant, il leur incombe d’accepter de reconnaître la vérité, de la saisir là où elle se manifeste, sans prétendre la posséder simplement parce qu’ils disposent de la puissance. C’est ce que nous leur demandons avec insistance, car c’est le temps qui triomphe, c’est le temps qui est véritablement fort.
Prenons donc l’exemple de ceux qui nous ont précédés. Nous rappelons à quiconque aspire à détenir un pouvoir éternel, sans jamais le perdre, qu’il se consacre à accomplir de bonnes actions. Ainsi, même s’il perd son pouvoir, il laissera derrière lui une réputation honorable. Même après sa mort et son inhumation, son amour demeurera gravé dans le cœur des gens. Voilà ce qu’est un pouvoir qui ne s’interrompt jamais. Un dirigeant qui ne perdra jamais véritablement son pouvoir est celui qui œuvre pour le bien commun.
Par ailleurs, il est indéniable que nous aimons évoquer la paix avec ferveur. Cependant, il convient de souligner que la paix ne se réduit pas à de simples discours prononcés dans les mosquées, à des prières récitée dans les églises ou à des chants entonnés lors de concerts. La paix, telle une semence, exige d’être plantée, cultivée et entretenue avec soin pour qu’elle puisse porter ses fruits. Ces semences, ce sont l’honnêteté, la justice et l’harmonie sociale que nous devons insuffler au sein de notre société. Ainsi, même en l’absence de sermons, de prières ou de célébrations, les graines de la paix, une fois semées, germeront naturellement et sans obstacle. Car prêcher la paix sans en cultiver les fondements revient à évoquer une récolte sans avoir jamais ensemencé la terre. La paix, en réalité, est le fruit d’une alchimie complexe, résultant de multiples efforts et engagements.
**Enfin**, nous implorons le Tout-Puissant de vous récompenser pour les actions vertueuses que vous avez accomplies au service de ce pays depuis votre accession à sa tête. Qu’il s’agisse des routes que vous avez fait construire, symboles de progrès et de connexion, ou des lumières que vous avez allumées, métaphores d’espoir et de clarté, puissent-elles devenir pour vous des chemins de réussite dans cette vie et une guidance vers l’au-delà. Nous prions également que votre départ s’accompagne de la même joie que votre arrivée a suscitée au sein du peuple guinéen, afin que votre héritage demeure gravé dans les cœurs comme une source d’inspiration et de gratitude éternelle.
Ainsi s’achève ici cette parole que vous a adressée votre frère **Oustaz Abdoul Aziz Al-Koundarary**,un homme attaché à sa religion, mais aussi et surtout profondément préoccupé par l’avenir de son pays.