Arrivée en Belgique en 2013, la famille Diallo a introduit plusieurs demandes d’asile. La dernière a été rejetée. Fedasil ne finance plus leur hébergement dans une maison du CPAS de Jurbise. Les Diallo doivent quitter les lieux pour la fin du mois d’octobre. Ils sont sous le choc.
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C’est au retour de l’école que les enfants ont été informés. « Ce matin, l’assistante sociale est venue. On n’a pas les papiers », explique le père à son fils ainé. Abdoulaye, 7 ans, est en larmes. « Je ne veux pas retourner en Guinée, je ne connais pas ce pays. J’ai peur », déclare le petit garçon. « Il ne veut pas entendre le mot Guinée. Parfois,lorsque nous jouons ensemble, je tâte le terrain », poursuit la maman, « je lui demande si nous pourrons retourner là-bas, en vacances, lorsque nous aurons les papiers. Même comme ça, il me dit qu’il ne veut pas aller là-bas, jamais! ».
Abdoulaye est le seul des 3 garçons à être né sur le sol africain. La famille a fui pour des raisons politiques, nous dit le père, médecin de formation. « Là-bas, nous avons été victimes de harcèlement, d’arrestations. J’ai moi-même été emprisonné, de même que ma femme et notre fils. A cause de nos idéaux politiques ».
Il affirme avoir décrit longuement, tout au long de la procédure, les risques qu’il encourt, là-bas, s’il y retourne. « Même ici, en Belgique, j’ai reçu des menaces. Je suis abasourdi, choqué. Vu tout ce qu’on a envoyé comme éléments, comme preuve, tout ce qui a été certifié…je suis sans mot. Il est impossible pour moi de retourner au pays! Et mes enfants ne connaissent nulle part à part la Belgique. Ils sont scolarisés. Ils vont être terrifiés… »
Depuis plusieurs années, ils introduisent des demandes d’asile. Tant que la procédure était en cours, ils pouvaient habiter une maison du CPAS de Jurbise. Fedasil payait en quelque sorte le loyer. Mais la deuxième demande d’asile vient d’être rejetée. Fedasil ne finance plus l’hébergement de la famille Diallo. Ils doivent quitter leur maison d’ici la fin du mois. « On vient de l’apprendre!! Et il nous reste six jours…Comment faire? Nous n’avons pas de plan B. Quand tu as 3 enfants, ce n’est pas possible d’être hébergé chez des amis, ici en Belgique. On va être à la rue. Sans abri! » Les revenus de substitution qu’ils recevaient seront aussi supprimés. Ne restera que l’accès à l’aide médicale urgente, soit pas grand chose.
L’hiver leur fait peur. Le déracinement, aussi. « Je m’inquiète surtout pour les études des enfants. Mon fils aîné adore l’école. Même quand il est malade. A l’idée de ne pas aller à l’école, il pleure! » raconte la maman. « Que vont-ils devenir, si nous sommes à la rue? »
L’école des enfants a envoyé une pétition à l’Office des étrangers, pour témoigner de l’intégration des enfants. L’avocat de la famille introduira une dernière demande d’asile, au nom des enfants cette fois, ce jeudi.
La famille garde espoir, et des rêves d’avenir en Belgique. « Je suis médecin, j’ai déjà obtenu une équivalence de diplôme pour mon BAC. Je pourrais sans doute, moyennant peut etre un retour à l’université un an ou deux, récupérer ma fonction de médecin. Il en manque en Belgique! ». « Et moi je voudrait vraiment rester avec mes amis, ici, je les aime beaucoup », conclut le petit Abdulaye. un collectif de soutien vient d’être créé pour les entourer.
Rtbf.Be