Jamais la Guinée n’a connu autant de crises : le départ de Kassory Fofana est d’une impérieuse nécessité
Arrogant jusqu’à la moelle épinière, transhumant de culture et turbin politique de nature, Kassory Fofana, quatre mois après sa nomination à la tête du gouvernement guinéen, est le symbole de l’impopularité.
Autant de crises, la Guinée n’en a jamais connu. Un Premier ministre n’a jamais été aussi décrié de la sorte. Il bat le record de l’impopularité d’Eugene Camara, l’homme qui a connu le plus court séjour à la Primature.
Aucun chef d’Etat guinéen, de l’indépendance à nos jours, n’a été autant exposé par le simple fait d’avoir approché un collaborateur de sa trame. La mer n’a pas été calme pour celui qui était perçu comme un sauveur et qui risque aujourd’hui d’être le tombeur du régime Condé.
Lui qui aurait dû être l’homme de la situation, a mis le régime d’Alpha Condé dans un pétrin indescriptible. Partout, ça crie. Trop d’affronts en même temps. A chacune de ses prises de parole, avec un ton de semblant fermeté, il crée un malaise assez profond au sein de l’opinion.
La grande duperie
C’est une réalité qui est connue de tous. Kassory Fofana n’a pas totalement rompu avec son parti Guinée pour tous (GPT). Il dit être du RPG Arc-en-ciel après avoir vendu son parti contre la Primature. La réalité sur le terrain est tout autre. Dans ses déplacements à l’intérieur du pays, il se fait accompagner par la cellule de communication de son GPT au détriment des communicants du RPG. La seule personne qui compte à ses yeux, c’est le président de la République. Point barre.
Mais en réalité, il ne cherche qu’à se positionner et à placer ses fidèles à des postes très stratégiques comme il l’a fait au temps du régime de feu Lansana Conté. Il a fait comprendre au chef de l’Etat, qu’il sait dénicher des talents. Il prend l’administration en otage et pourrait être une grosse menace non seulement pour le RPG, mais aussi pour Alpha Condé lui-même.
Pédant, Kassory qui est resté plusieurs années opposant sans influence majeure, opère désormais de l’intérieur pour pousser le pouvoir Condé à la porte. La technique est simple et semble porter ses fruits : créer des foyers de tensions partout et les attiser.
Son départ de la Primature
La volonté de Kassory Fofana est sans ambiguïté. Il précipite le départ du président Alpha Condé, espérant pouvoir lui succéder. Il détruit tout obstacle qui pourrait lui marquer un désaccord. Son départ de la Primature est d’une impérieuse nécessité. Lui, qui n’a eu que des crises et arrogance comme bilan à présenter, mérite d’être démis de ses fonctions le plus rapidement que possible pour éviter la chienlit dans le pays.
Puisque Kassory, lui, a prouvé qu’il est loin d’être à la fonction de Premier ministre, le chef de l’Etat devrait trouver un chef du gouvernement qui pourra créer un pont solide entre son gouvernement et le peuple. Un homme qui sait convaincre et non un va-t-en-guerre. Un véritable Premier ministre qui ne fera pas l’économie des moyens pour promouvoir le dialogue social et de coordonner l’action gouvernementale.
Gouverner avec une certaine arrogance pour masquer son incompétence
A le voir à l’œuvre, on se rend compte qu’il est loin d’être celui qui veut la paix comme le souhaite le président de la République. Ceux qui l’ont connu par le passé ne sont guère surpris. Il était l’épicentre de tous les malheurs de Lansana Conté. Il a lutté contre Sidya Touré, ouvert des clans dans le gouvernement dans le seul but d’être le dauphin constitutionnel du général Conté. Son obsession pour le pouvoir ne date pas d’aujourd’hui. Et ça ne s’arrêtera pas maintenant.
Le chef de l’Etat doit remettre les pendules à l’heure en démettant son Premier ministre. La survie de son régime en dépend. La stabilité du pays aussi.
Par Seydouba SOUMAH
Depuis la France