Après une période de récession, l’Afrique affiche toujours une reprise vigoureuse qui alimente une solide tendance à la hausse dans le secteur du tourisme depuis le milieu de l’année 2015. Cette affluence accrue génère également une augmentation de la demande de déplacements aériens. D’après un communiqué de presse de l’IATA (n° 55 daté du 24 octobre 2017), le nombre de passagers en Afrique augmentera de 274 millions par an d’ici 2036, pour atteindre un marché total de 400 millions de personnes.
L’aviation permet des déplacements dans le monde entier, encourageant ainsi les réseaux et le commerce. Lorsqu’un pays s’intègre à l’économie mondiale, ses entreprises accèdent à de plus vastes marchés potentiels, à des chaînes d’approvisionnement plus compétentes et à davantage d’opportunités d’investissement. Dans le contexte de l’Afrique, l’aviation facilite le tourisme. Facteur de croissance majeur sur le continent, le tourisme a connu ces dernières années une croissance considérable. Les aéroports jouent un rôle clé pour la société, puisque le transport aérien totalise en Afrique 30 % des emplois du secteur touristique, contre seulement 4 % en Amérique du Nord.
Quels défis pour l’aviation africaine ?
Ces dernières années, des crises de nature économique, sécuritaire et sanitaire ont ébranlé l’espoir d’un avenir prospère pour l’Afrique. L’économie de certains pays s’est considérablement dégradée, emportée par la chute du prix de produits clés exportés par le continent. Ainsi, le Nigeria, l’Algérie, l’Angola et l’Afrique du Sud, par exemple, n’ont pas eu les moyens nécessaires au financement d’infrastructures onéreuses telles que des aéroports.
Une large part des accidents et incidents liés à l’aviation se produisant dans les aéroports ou à proximité, pendant l’atterrissage, le transfert ou le décollage, les aéroports ne peuvent faire l’impasse sur la sécurité : ils doivent pouvoir adopter les technologies de pointe, dans les airs comme au sol. Il leur faut relever le défi du manque de capitaux et trouver des moyens de financer des infrastructures aéroportuaires nouvelles et de meilleure facture.
La priorité consiste à moderniser des aéroports majeurs et régionaux non pas pour les agrandir, mais pour les améliorer. Pourquoi aménager six pistes d’atterrissage s’il suffit d’une ou deux pour couvrir les besoins ? Mieux vaut miser sur un balisage des voies de circulation et des technologies de guidage optimaux.
Les transports aériens constituent une source de croissance économique très fragile en Afrique, mais la libéralisation peut tout changer. S’ils étaient libéralisés, les transports aériens seraient synonymes de sécurité accrue, de baisse des prix et d’augmentation du trafic en Afrique, comme le démontre une étude menée par la Banque mondiale.
Une meilleure connectivité stimulerait l’économie intra-africaine, le tourisme, et l’intégration culturelle et économique.
L’aéroport du futur
Projets de modernisation et de construction : les aéroports africains font face à de passionnantes perspectives. Les partenariats public-privé ont le vent en poupe. De nombreux pays ont la « volonté politique » de privatiser leurs aéroports, au moins en partie, car leurs recettes régulières en devises étrangères font des aéroports de précieux actifs nationaux.
Les aéroports africains doivent mettre leurs infrastructures à niveau pour accueillir des avions non seulement plus nombreux, mais aussi plus gros. D’après les experts, les exigences en termes d’avions atteindront un billion de dollars dans les dix prochaines années. Alors que les véhicules de fret aérien deviendront de plus en plus dédiés, les vols de tourisme et affrétés se développeront et les compagnies low cost s’imposeront. Les derniers modèles élaborés par Boeing, Airbus, Bombardier et Embraer annoncent une nouvelle ère de l’aviation. Cette tendance est comparable aux changements profonds survenus dans le domaine des taxis depuis Uber et de la musique depuis les téléchargements sur Internet. Quels que soient les moyens de transport aérien, les aéroports resteront un lieu d’atterrissage et de décollage.
Alors que le fonctionnement des aéroports devient plus complexe, toute erreur de conception, de choix des technologies ou de vision, ou encore tout défaut de prise en compte de l’évolution des demandes des passagers et des compagnies aériennes, peut coûter cher. Les chantiers d’aujourd’hui sont les aéroports de demain : ils doivent être conçus en tant que tels. Il leur faut être flexibles pour s’adapter, se développer et absorber la croissance du trafic. L’aéroport du futur dépendra de la collaboration, peut-être avec d’autres aéroports, certainement avec les compagnies aériennes, les autorités, l’industrie, les investisseurs et les instituts financiers. Ces rôles aujourd’hui souvent distincts deviendront très intégrés.
Les aéroports doivent investir à bon escient dans les infrastructures, les technologies, les équipements et la formation de leur personnel afin d’assurer leur rentabilité et leur sécurité. Ainsi, ils fourniront des services haut de gamme aux compagnies aériennes, aux passagers et aux transporteurs, dont l’aéroport est responsable de la première et de la dernière impression à chaque voyage.
Alexander Herring occupe les postes de directeur régional des ventes Afrique chez ADB SAFEGATE et de directeur général d’ADB Safegate South Africa (Pty) Ltd. Totalisant plus de 20 ans d’expérience du secteur de l’aviation en Afrique, il est régulièrement invité pour intervenir lors de conférences traitant de ce sujet.
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