« Nous avons enterré hier Mamadou Cellou Diallo et Mamadou Sadou Diallo. Le premier, âgé de 30 ans et le dernier de 3 mois.. Beaucoup se sont demandé pourquoi je n’ai pas pris la parole.
Après l’enterrement, j’ai été étreint par une forte émotion. Je ne voulais pas publiquement exposer aux militants cette émotion qui m’étreignait. Le chiffre 100 est symbolique, 100 Guinéens abattus à bout portant par ceux-là qui étaient chargés d’assurer la sécurité de ces derniers. Aucun d’entre eux n’a eu droit à la compassion du gouvernement. Notre gouvernement, notre président ne s’est pas ému.
Aucune enquête n’a été diligentée. Aucune sanction même administrative n’a été prise à l’endroit de ceux-là qui étaient chargés d’assurer la protection des manifestants. Lorsque vous réfléchissez, vous êtes émus.
C’était mon cas hier, j’ai préféré renoncer à ce discours. Je ne pouvais pas le tenir », a confié le président de l’UDFG. Poursuivant, il déplore le fait qu’aucune enquête n’ait été diligentée pour arrêter les auteurs de ces victimes aujourd’hui au nombre de 100 morts « Je vous dis qu’il y a 100 Guinéens arrachés à l’affection de leurs familles. Ils ont laissé des veuves, des orphelins, des vieux parents qui souvent comptaient sur eux. Le père de Zakaria est là. Je dis que si le cas de Zakaria qui a été la première victime d’Alpha Condé avait été bien traité, les auteurs identifiés, déférés devant les tribunaux, condamnés avec la publicité pour dissuader, on n’en serait pas à 99. Mais ceux qui font usage de leurs armes à feu savent qu’ils bénéficient de l’indemnité et la protection du président de la République.
Nous avons négocié lors des dialogues pour que des enquêtes soient ouvertes, que les auteurs de ces crimes soient identifiés, le gouvernement s’est engagé à le faire, il ne l’a pas fait. Depuis l’accord de 2013, celui de 2014, celui de 2015, celui de 2016, c’est un engagement depuis le dialogue politique par le gouvernement qui a la compétence, qui en a la mission, ils n’ont rien fait. Alors, il faut essayer de rendre l’UFDG responsable des meurtres…», déplore le chef de file de l’opposition. Enfonçant le clou, Cellou Dalein Diallo ne dit désormais engagé dans la résistance « J’ai dit et je répète, c’est notre choix, nous sommes engagés désormais dans la résistance. Elle sera longue et difficile mais la victoire sera de notre côté. Il n’est pas question de reculer. On a essayé de m’assassiner, on m’a confiné, ça ne peut pas me décourager. Pour la liberté, pour le droit des Guinéens, mes compatriotes que j’aime tous, y compris ceux du RPG, parce que c’est en leur nom que ces crimes parfois sont en train d’être commis mais ils n’en sont pour rien, ce n’est pas eux c’est le plan d’Alpha Condé. En Haute Guinée, ils ont compris qu’Alpha Condé n’est pas à la hauteur de la fonction présidentielle, ils ont commencé à bouger. L’heure est de rester mobilisés, nous allons continuer le combat. Je tiens à vous féliciter tous et tous ceux qui ne sont pas là, qui ont participé activement à la ville morte, à la marche le lundi et mardi dernier, ça a été un succès éclatant. La presse nationale a combattu à notre côté et je dois féliciter tous ceux qui sont dans ce noble métier, ils ont vu comment on a été confinés, ils ont participé à tout, ils ont reçu des gaz lacrymogènes. Ce n’est pas une question de choix, la constitution a décidé que la manifestation pacifique est d’avance autorisée et ils ne peuvent que l’encadrer, ils ne peuvent pas l’interdire sauf lorsqu’ils veulent violer la loi. Mais comme on ne peut pas me déférer, la seule juridiction où ils peuvent être entendus, c’est à dire la Haute cour de justice, qu’ils ont refusé de mettre en place, on ne pourra que dénoncer et on le fera, et on ne tempérera pas, on ne se soumettra pas aux décisions illégales qui violent la constitution de la République ». Le chef de file de l’opposition républicaine annonce de nouvelles manifestations pour la semaine prochaine, mercredi et jeudi. « Mercredi ville morte et jeudi c’est une grande marche vers la libération de la Guinée ».