Le Gouvernement a entrepris le mercredi 20 février une vaste opération de récupération de domaines réservés de l’État à Kaporo-Rails. A cet effet, les habitants ont été sommés de quitter les lieux dans un bref délai afin que des bulldozers puissent procéder à la démolition des bâtiments occupant « illégalement » les lieux.
Cette opération de déguerpissement entre dans le schéma directeur de « Conakry vision 2040 » et de l’aménagement du centre directionnel de Koloma appelé à recueillir des infrastructures institutionnelles et décongestionner de la commune de Kaloum. La Cellule Balai Citoyen ne remet pas en question le fondement de la décision d’entreprendre une telle opération. Néanmoins, nous nous permettons d’émettre des réserves quant à la forme qui semble avoir été retenue.
En effet, le site de Kaporo-Rails est un domaine réservé de l’État conformément au décret 211 pris en 1989. Ce décret acte que le domaine de Koloma est réservé dans le patrimoine foncier de l’État. Cependant, cela ne permet aucunement de « chasser sur le champ » les habitants de la zone, dont certains y résident depuis une date bien antérieure à la signature du décret. Nous pensons qu’il est du devoir de l’État de les accompagner et les dédommager sans attentes à hauteur de leurs biens perdus et des coûts engendrés par ce déplacement forcé.
Pour ceux s’y étant établis après l’entrée en vigueur de ce décret, il est aujourd’hui urgent d’analyser les permis leur ayant été officiellement remis et attestant la légitimité de leur établissement sur cette zone. En effet, cette affaire souligne le fait que des cadres administratifs locaux ont distribué aux habitants des documents engageants l’État sans porter attention au décret en vigueur. A ces habitants lésés, le minimum est qu’une assistance soit mise à disposition afin de les reloger.
Ainsi, nous appelons les habitants s’étant implantés après 1989 à se constituer en association. Nous nous engageons formellement à les soutenir pour la défense de leurs droits et pour que les responsables leur ayant délivrés ces permis soient poursuivis en justice. Ces habitants sont à voir comme des victimes qui ont été dupées par des responsables administratifs malhonnêtes. Nous ne dénonçons donc pas l’action de l’État, qui va dans le sens de la régularisation du territoire et des biens fonciers, mais ne pouvons retenir notre inquiétude quant au sort qui est réservé aux habitants déplacés. A ce jour, aucun dédommagement n’est prévu pour ces populations. Nous appelons le Gouvernement à présenter un plan d’accompagnement des victimes dans les plus brefs délais.
Nous appelons également l’État à poursuivre cette démarche de régularisation des zones d’habitation de la capitale, sans négliger la détresse conséquente des populations victimes et sa responsabilité propre. En effet, bien d’autres zones se trouvent confrontées à la même problématique d’occupation non-officielle de très longue durée. Il serait incompréhensible que le cas de Kaporo-Rails demeure une démarche isolée au vu de pareil contexte.
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En dernier lieu, nous insistons sur l’importance d’effectuer le travail jusqu’au bout et de viabiliser la zone une fois les opérations de régularisation achevées. Il s’agira de ne pas laisser la zone en friche et donc en proie à d’éventuelles réappropriations sauvages.
Nous continuerons à suivre de près cette affaire et nous nous engageons dès à présent à soutenir les habitants ayant été victimes d’une mal gouvernance administrative flagrante pour que justice soit faite.
Conakry, le 25 février 2019
Secrétariat Administratif