Devoir de mémoire :
27 Septembre 2009, à 09 heure du matin, je suis contacté par un Mouctar Diallo qui fait actuellement le beau temps dans ce gouverne-et-ment, pour lui prêter mains fortes à l’aéroport de Gbessia dans le but de mobiliser des jeunes pour sa réception.
Pendant que Kiegboro et ses sbires avaient complètement quadrillé les périmètres conduisant au parking de l’aéroport, avec un courage indien et dans le soucis d’apporter une aide à n’importe quelle force qui luttait pour le départ du CNDD, j’ai glissé entre les maillons des gendarmes pour me retrouver en face de Mouctar qui était visiblement effrayé par le dispositif mis en place.
Kiegboro et ses hommes considérant ma présence comme une provocation, m’ont brutalisé en essayant de m’intimider afin de pouvoir l’isoler, menaces verbales et physiques devant les quelles je disais: si vous me tuer, vous verrez le peuple devant vous, car vous ne pourrez jamais tuer la révolution.
Et le même soir, c’est a dire à la veille du du fatidique 28 Sep, j’invita l’opposant en question à un concert à la plage de Rogbanè, et devant plus de 20 mille personnes il est monté sur scène pour inviter les jeunes à se mobiliser massivement le lendemain au stade du 28 Sep pour chasser les militaires du pouvoir.
Ce jour risquait d’être le dernier pour moi sur cette terre, car avant même le levé du soleil, j’avais reçu des appels me demandant de ne pas me rendre au stade le lendemain, car des ordres visant mon élimination physique auraient été donnés par un clan qui voulait le maintien de la junte au pouvoir.
Ça ne m’a pas empêcher de foncer le lendemain vers le stade, car ne pas aller
serait une trahison envers le peuple.
28 Sep 2009, il est 09 heure du matin, je prends ma voiture en compagnie d’un ami journaliste qui m’avait aussi déconseillé d’aller, direction Aéroport pour rallier le stade par l’autoroute Fidel Castro. C’est arrivé au niveau de l’aéroport, que des jeunes soldats tout excités m’ayant reconnus, ont braqué carrément leur PMA4 sur ma voiture me demandant de faire marche arrière comme s’ils venaient de voir un djihadiste.
J’essaye de les raisonner afin qu’il nous laisse passer, et l’autre répond: vous dégagez d’ici ou vous regrettez la suite.
Le ton était à couper le souffle, j’ai voulu descendre, mon ami m’a retenu par la main en me disant surtout pas ça Élie.
Cette lutte que nous avons menée, ces risques que nous avons pris, ces jeunes, femmes et hommes que nous avons sensibilisés afin qu’ils refusent la dictature militaire, sont payés aujourd’hui par le mépris des gens avec qui nous partagions les mêmes idéologies, celles de voir une Guinée meilleure et émergente, dirigée par des patriotes qui veilleront sur le tissu social.
Hier Mouctar Diallo et Kiegboro étaient des ennemis jurés, le premier se battant pour l’instauration de la démocratie, et le second pour la mort de la démocratie. Aujourd’hui ils appartiennent à la même confrérie pour des intérêts propres à eux, et font carrément la promotion du 3eme mandat.
Je pourrai encore comprendre et tolérer Kiegboro, car il est au service d’un gouvernement. Mais Mouctar Diallo est une honte pour notre lutte.
Au tribunal de l’histoire, vous passerez un à un à la barre.
Ely Kamano
