Issu d’une famille tutsi[3], Paul Kagame naît le 23 octobre 1957 sur la colline de Nyarutovu, dans la commune de Tambwe, province du Sud (ancienne préfecture de Gitarama), près du centre de Ruhango.
En 1961, à l’âge de quatre ans, il quitte avec sa famille le pays en raison des persécutions des Tutsi, commencées avec la révolution rwandaise[4]. La famille s’installe à Gahunge, dans le district de Toro, en Ouganda.
Paul Kagame aurait fait ses études secondaires successivement à la Ntare School de Mbarara, puis à la Old School de Kampala de 1972 à 1976.
À l’âge de 22 ans en 1979, il rejoint les maquisards venus de Tanzanie sous la direction du futur président ougandais, Yoweri Museveni, dans un mouvement de résistance au régime d’Idi Amin Dada, qui devint la NRA, National Resistance Army, soutenue politiquement, économiquement et militairement par les États-Unis. Plusieurs réfugiés rwandais font aussi partie du noyau de cette rébellion qui renverse ensuite, en 1985, le président Milton Obote, puis en 1986 le président Tito Okello. Après le coup d’État de la NRA en 1986, Yoweri Museveni devient président de la République de l’Ouganda et plusieurs de ses compagnons d’armes rwandais deviennent officiers dans l’armée ougandaise. Paul Kagame est gradé major et obtient un poste important de directeur adjoint des services de renseignement militaire de l’armée ougandaise.
En 1988, il épouse à Kampala Jeannette Nyiramongi, dont la famille était réfugiée au Burundi. Ils sont parents de quatre enfants[4].
Formation militaire
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Après son mariage, Kagame est envoyé, en juin 1990, aux États-Unis pour un stage de commandement militaire (Command Staff) à Fort Leavenworth au Kansas[4].Suite à sa victoire militaire, le FPR établit un gouvernement d’unité nationale, sur la base des accords d’Arusha, mais excluant les partis qui soutenaient les forces génocidaires : la CDR et le MRND. Pasteur Bizimungu devient président de la République le 19 juillet 1994, Faustin Twagiramungu devient Premier ministre et Paul Kagame, souvent appelé l’« homme fort du Rwanda », devient vice-président et ministre de la Défense. Ce trinôme est perçu comme symbole de la réconciliation entre Hutu et Tutsi.
Paul Kagame est ensuite l’artisan de la « reconstruction » du Rwanda, complètement détruit et vidé par le génocide. Il chasse les dirigeants « hutu » ayant organisé et conduit le génocide des Tutsi, et contribue à la mise en place d’un régime où les femmes ont une place parfois majoritaire, comme au Parlement. Ses opposants qualifient ce régime de « tutsi », alors même que la référence politique « Hutu – Tutsi » est anticonstitutionnelle depuis l’adoption de la constitution de 2003[11] (la majorité des ministres et des députés avaient, dans l’ancienne république exclusivement « hutu », une carte d’identité « hutu »). En fait, depuis une dizaine d’années, tous les Premiers ministres qui se sont succédé sont « hutu » d’origine ainsi que la majorité du haut état-major[réf. nécessaire].
Il est aussi l’un des principaux artisans du renversement de son homologue du Zaïre en 1997, le président Mobutu Sese Seko, dont le pays est 90 fois plus grand que le Rwanda. À la suite du génocide des Tutsi au Rwanda et de la déliquescence du régime de Mobutu, faits majeurs ayant entrainé les Grands lacs dans le chaos, il est l’un des principaux acteurs des deux guerres du Congo. Des proches de ses officiers racontent qu’au départ les Rwandais, alliés avec l’Ouganda et l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila, n’avaient pas l’intention de renverser Mobutu Sese Seko, mais que la faible résistance qu’ils auraient rencontrée au Zaïre les aurait alors décidés d’aller jusqu’à Kinshasa lors de la première guerre du Congo.Paul Kagame est choisi comme président de la République par le Parlement, le 17 avril 2000, après la démission de Pasteur Bizimungu[12]. À la suite de l’instauration d’une nouvelle constitution par référendum, il est élu au suffrage universel direct le 25 août 2003 (95 % des voix) et réélu le 9 août 2010 (93 % des voix)[13].
Beaucoup d’observateurs accordent à Paul Kagame le mérite d’avoir apporté la stabilité et la croissance économique de ce pays dévasté. L’efficacité de la lutte contre la corruption au Rwanda, y compris contre des proches de Paul Kagame, est reconnue au niveau international[réf. nécessaire]. En revanche, des ONG, telles que HRW et Amnesty International, critiquent avec insistance ce qu’elles considèrent comme des manquements au respect des droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la liberté de la presse et le climat des périodes électorales. Ses opposants considèrent son régime comme une autocratie répressive favorisant la minorité tutsie au prix d’assassinats encore inexpliqués.
Le 9 août 2010, à la suite de l’élection présidentielle, Kagame est réélu président du Rwanda avec 93 % des voix[13].
Il présente le développement économique, la mise au travail intensif des Rwandais, la lutte contre la corruption et l’exigence de « bonne gouvernance » comme des axes majeurs de sa politique[N 4].
En novembre 2015, Kagame fait voter une modification constitutionnelle qui lui permet de se présenter à l’élection présidentielle de 2017. Fin décembre 2015, Kagame annonce qu’il sera effectivement candidat à l’élection présidentielle de 2017[14],[15]. Cette décision permet théoriquement à Paul Kagame de rester au pouvoir jusqu’en 2034, et ce alors que de graves entorses à la démocratie sont constatées au Rwanda[16].
Israël noue des relations commerciales avec plusieurs pays africains dont le Rwanda. En 2017, Kagame se félicite qu’Israël « continue à accroître ses engagements en Afrique »[17].
Il est réélu pour un troisième mandat le 5 août 2017[18] (98,8 % des voix).
Le 28 janvier 2018, il est désigné président de l’Union africaine[19]. Kagame est président de l’UA jusqu’au 10 février 2019. Il est ensuite désigné président de la Communauté d’Afrique de l’Est le 2 février 2019[20].