Alors qu’en Guinée Alpha Condé hésite de changer la constitution, au Togo les carottes sont désormais cuites. Faure Gnassingbé peut rester au pouvoir jusqu’en 2030.
Les députés togolais ont voté ce mercredi 8 mai, une révision constitutionnelle qui remet les compteurs à zéro dans la course à la présidentielle. Le nouveau texte prévoit la limitation du nombre de mandats présidentiels mais il permet à l’actuel président, Faure Gnassingbé au pouvoir depuis 2005, de tenir encore les rênes de la magistrature suprême jusqu’en 2030, en se représentant aux deux prochaines élections (2020 et 2025).
Un scenario quasiment similaire se dessine en Guinée ! Alpha Condé veut adopter une nouvelle constitution par voie référendaire pour se maintenir au pouvoir, alors que l’actuel texte limite son mandat en 2020. Il est en campagne voilée depuis plusieurs mois, mais le projet a du mal à passer chez bon nombre de guinéens qui voient là, une manœuvre tendant à tuer la fragile et jeune démocratie guinéenne arrachée au prix fort. Les séries de contestations enregistrées çà et là depuis le début de cette campagne dans le pays en font foi.
Comme au Togo, si le dirigeant guinéen réussit à faire le forcing en adoptant une nouvelle Constitution, les compteurs seraient remis à zéro. Ce qui du coup lui permettrait de briguer de nouveaux mandats et rester au pouvoir après 2020. Mais le projet est risqué. Décrit comme un « animal politique » par plusieurs analystes politiques, Alpha Condé ne veut pas se précipiter vers un saut dans l’inconnu, au risque de connaître un triste sort, comme celui de Blaise Compaoré chassé par la rue en 2014 au Burkina Faso, à cause de ses velléités anticonstitutionnelles.
Le locataire du palais Sékhoutouréya tâte le terrain. Ce week-end lors d’un meeting de propagande pour le référendum constitutionnel à Kindia, il a déclaré qu’il est à « l’écoute du peuple » et qu’après il « donnerait sa réponse au moment opportun ». Une réponse ambigue révélatrice d’une certaine hésitation.
Mais avant qu’on en arrive au référendum souhaité par les thuriféraires du régime de Conakry, faut-il rappeler que la médiation d’Alpha Condé dans la crise togolaise avait échoué en 2017 alors qu’il était président en exercice de l’union africaine. L’opposition togolaise avait d’ailleurs accusé le dirigeant guinéen d’être un allié de Faure Gnassingbé.
Va-t-il alors s’inspirer de Faure pour changer la Constitution guinéenne ? That is the question.