La présidente du Rassemblement national a commenté la victoire de son parti aux élections européennes auprès du site américain.
L’ancien conseiller de Donald Trump à la Maison-Blanche Steve Bannon « n’a strictement aucun rôle dans la campagne », avait juré Marine Le Pen, le 20 mai dernier sur BFMTV, ajoutant qu’elle ne « savait pas » qu’il se trouvait dans la capitale. Mais le site d’extrême droite américain Breitbart, dirigé jusqu’en janvier 2018 par le même Steve Bannon, Marine Le Pen le connaît bien. Elle lui a ainsi accordé un long entretien publié ce lundi 27 mai, au lendemain des élections européennes.
Elle y parle démission de Macron, affrontement entre globalistes et nationalistes, et populismes européens. Dans cette interview effectuée par téléphone, Marine Le Pen a renouvelé sa demande à Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, accompagnée cette fois d’un appel à sa démission, faisant un parallèle avec les départs de David Cameron et Theresa May après leurs échecs sur le Brexit. « Macron n’a ni l’honnêteté ni le panache pour le faire », assure-t-elle cependant.
Steve Bannon, l’agent trouble venu d’Amérique
« Globalistes » contre « progressistes »
Dans les colonnes de Breitbart, considéré par les Américains comme le média le plus partisan et le moins objectif du pays, Marine Le Pen savoure sa victoire, qui peut s’expliquer selon elle par « deux raisons principales : une raison européenne et une raison nationale ». Marine Le Pen affirme ainsi que « l’Union européenne méprise le peuple », citant pour se justifier une « compétition déloyale » favorisant l’importation de produits chinois et les politiques sur l’immigration.
Au niveau national, Marine Le Pen évoque les politiques fiscales d’Emmanuel Macron qui défavoriseraient les classes moyennes et populaires ainsi que « l’extrême arrogance » et la « malveillance » dont il aurait fait preuve ces deux dernières années.
« Ce que moi et ma liste avons fait, c’est expliquer aux Français que l’ancienne division entre le gauche et la droite n’existe plus », a-t-elle ajouté. […]
« La nouvelle division est maintenant entre les globalistes et les nationalistes. »
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Salvini et les populistes européens : des « alliés » mais aussi des « amis »
A propos des populismes européens, qui ont eux aussi remporté des victoires lors de l’élection de dimanche, Marine Le Pen a évoqué son impatience à l’idée de travailler à nouveau avec la Ligue, le parti italien mené par Matteo Salvini :
« Cela fait longtemps que notre parti travaille avec Salvini, mais aussi avec d’autres partis dans différents pays d’Europe pour défendre l’idée de nations. Nous sommes alliés mais aussi amis. Cela inquiète les globalistes car ils voient que demain, ils devront faire face à une vraie alternative politique. »
En Italie, l’université populiste de Steve Bannon n’est pas près de voir le jour
La présidente du RN voit dans ces victoires de l’extrême droite un événement « de magnitude historique », reconnaissant cependant que l’union avec d’autres partis pourra être difficile en raison de divergences d’opinions. Elle croit cependant aux chances des populistes contre leurs ennemis globalistes et progressistes, renforcées par la présence de Donald Trump à la Maison-Blanche, dont elle affirme partager la vision :
« Si [sa] vision du monde est que les nations devraient surpasser les empires et prendre leur destin et celui de leur peuple entre leurs mains, alors je partage complètement son point de vue. »
La liste du Rassemblement national, menée par Jordan Bardella, a réuni 23,3 % des voix à l’élection européenne. Ailleurs en Europe, les autres partis d’extrême droite ont remporté quelques victoires, sans pour autant déclencher le raz-de-marée nationaliste attendu.
L’Obs