Cinq mois après son acquittement, l’ancien leader des Jeunes patriotes prépare son retour. Depuis La Haye, il raconte la prison, ses relations avec Laurent Gbagbo ou Guillaume Soro, et ses nouvelles ambitions politiques.
Charles Blé Goudé n’aime plus mettre le nez dehors. L’ancien leader ivoirien qui électrisait les meetings, le charismatique « général de la rue » qui mobilisait les jeunes évite la foule désormais. Six ans d’enfermement, cela laisse des traces. Depuis son acquittement de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) en janvier dernier, l’ex-ministre de la Jeunesse et compagnon d’infortune de Laurent Gbagbo savoure sa victoire mais n’a toujours pas réussi à quitter les Pays-Bas.
À quelques kilomètres seulement de la prison de Scheveningen, il vit dans la chambre d’un hôtel huppé et impersonnel, encadré par des agents de sécurité. Pas vraiment emprisonné, pas vraiment libre non plus, il lit, regarde des séries, se délecte des derniers titres de zouglou et contemple un horizon souvent bouché.
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En attendant un éventuel appel du procureur, les juges de la CPI ne lui ont accordé qu’une sortie sous condition. Charles Blé Goudé a interdiction d’évoquer son dossier. Pas un mot, donc, sur la crise postélectorale de 2010-2011, pas un mot sur son rôle précis dans une décennie de violences. Tout juste suggère-t-il qu’il a des « regrets » après des déclarations qui ont « traumatisé ».
Désormais blanchi, il ne veut plus entendre parler des Jeunes patriotes et tente de se refaire une image et un nom. Costume bleu foncé, cravate ajustée, faconde intacte et regard perçant, à 47 ans, il promet qu’il faudra de nouveau compter avec lui. Lui qui rêve d’un avenir d’homme d’État n’a rien perdu de ses vieux réflexes : il change régulièrement de puce téléphonique, comme au temps de la clandestinité. Ni tout à fait le même ni tout à fait un autre.
Jeune Afrique