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« Certains hommes sont  des caméléons, ils prennent toutes les couleurs… », Ibrahima SANOH

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La girouette politique (libre opinion)
Le renard  a pour métier la tromperie, les chiens défendent celui qui
les nourrit, aboient  et mordent quelques fois ceux qui s’en prennent
ou viennent à leur maître ; les vipères inoculent leur venin à leurs
sujets  et les tuent sur-le-champ ; les chevaux servent  à des usages
variés et finissent abandonnés quand ils ne servent plus à grand-chose
et sont remplacés par d’autres  étalons qui seront  plus tard
remplacés par d’autres , de meilleurs ; les punaises sont toujours
incommodes et insupportables qu’on finit par les tuer à coups
d’insecticides ; les perroquets parlent à des sujets divers qu’ils
n’entendent jamais ; les oiseaux de proie vivent de rapines ; les
papillons  cherchent le feu où ils finissent dans les braises ; les
abeilles suivent la reine  et produisent le miel qui fait du bien à
l’homme ; les mouches  fréquentent les lieux  sales , se posent sur
les déchets et engendrent  des maladies  ; les frelons s’établissent
au dépend des abeilles ; les canards attirent leurs semblables dans
les rets des prédateurs ; les vautours vivent de corps morts et de
pourriture. Ah ! Certains animaux, en nombre plus grand, servent de
nourriture  à d’autres. Combien y a-t-il d’hommes qui ont des rapports
aux animaux !
Certains hommes sont  des caméléons, ils prennent toutes les couleurs
; d’autres  sont des reptiles qui se tortillent en mille façons. Ils
font des gambades, arrivent  où  le soleil lut, profitent de la
dépouille de ceux que l’orage a culbutés. Quand ils sont bien, ils
veulent encore plus. Ils  sont malades et souffrent de cette vulgaire
maladie : l’avidité. Ils veulent plus, mieux, ce qu’ils ne sauraient
trouver dans leurs certitudes, opinions actuelles ; ainsi, ils se
meuvent,  ils bougent, ils culbutent  afin de posséder plus  et
encore.
S’ils ont été ministres une fois, ils veulent encore venir à la soupe.
Oui, être un ministre, ça paie.  S’ils ont  fait deux mandats légaux,
ils veulent un troisième illégal et illégitime ; ils le veulent qu’ils
soient prompts à l’exercer ou non, ils le veulent pour eux car sont
malades : ils ne se contentent pas, ils sont incapables de réfréner
leur appétit du pouvoir.
Ce sont elles les girouettes politiques ; elles changent de verbe ; ce
qui était   vrai hier ne l’est plus aujourd’hui pour elles, ce
qu’elles ont défendu aux autres ne doit pas leur être opposé, elles
sont différentes. Voilà les déraisonnables !  Elles se disent : « le
peuple décidera, lui seul dira  ». Elles  ne se laissent pas emporter
par les soubresauts de l’opinion mais manipulent l’opinion en lui
imposant un lexique, le leur et des intentions.  Elles ont des  valets
qui parlent en leur nom, font campagne pour elles ;   l’une d’elles,
la grande girouette  a dit : «  j’écoute le peuple ».  Si le peuple
décide de tout en tout temps et tout lien,  on ne vit  plus sous un
régime démocratique. Elle reconnait que son régime est le contraire de
la démocratie.   Elles s’achètent aussi des perroquets et des lévriers
d’attache qui ne vivent que de guerre. Aux premiers, le deus ex
machina dit : « soyez prêts pour la confrontation d’idées, n’ayez peur
de rien, il vous sera donné des  arguments   ». Aux seconds, le
factotum dit : « quand vous dansez avec un aveugle, marchez-lui dessus
qu’il sente qu’il n’est pas seul  ».  Ils ont aussi des paons qui
déplaisent par leurs chants.
Oui, le deus ex machina est une girouette, la plus grande que le pays
a connu .Il est le maître des matois. Il est une girouette pour avoir
dit, deux fois, qu’il respectera et fera respecté les termes de la
constitution ayant fait de lui le premier président démocratiquement
élu dont il s’enorgueillit d’être et avoir fait parjure.  Il a été
communiste, il a abjuré le communisme pour le socialisme qu’il a
abjuré au profit de libéralisme sans humanisme qu’il a tardivement
embrassé. Au malade Guinée, il administre de piètres et incommodes
remèdes.   Pendant  longtemps, il s’est battu pour qu’il accède au
pouvoir et y  finisse le reste de ses jours. Investi de la confiance
du peuple, pour qui il s’est battu, disait-il, il oublie l’honneur
qu’est d’être un  président à un âge tardif.
Il avait dénoncé sans cesse les goûts forcenés du pouvoir de ses
antécesseurs ; au pouvoir,  il marche sur leurs traces  et songe
désormais à rebâtir la dictature sur fond d’usurpation du pouvoir avec
les matériaux constitutionnels.  Il entretient un humiliant contraste
entre ses  engagements d’hier  et son mode d’exercice du pouvoir ; sa
conduite  et ses pensées. Il fusionne les contraires : les promesses
et les reniements, le beau langage occasionnel et les  mauvaises
pratiques, l’aspiration à la dictature et les éloges de son passé
d’opposant à la dictature, l’amour de la médiocrité et l’espoir du
progrès, le désir de dominer et l’aspiration à la justice sociale.
Oui, l’opinion de l’homme peut changer pourvue que sa conviction ne
se meuve pas ; oui,  il peut faire des palinodies pourvue qu’il  ne
tronque pas sa conscience. Oui, il peut aimer les girouettes vénales,
opportunistes, dogmatiques, cérébrales,  pourvue qu’il ne fasse pas
l’apologie  de la corruption morale. Etait-il un homme de conviction ?
Il a pourtant fait  quatre décennies de combat ?  Pourquoi doit-il
trainer dans la fange l’homme qu’il a été ?
Il  a subordonné la compétence à la servilité, assassiné le travail
qui est le pain de tous pour sustenter les flatteurs ;  il a préféré
les mines qui procure des rentes plus grandes  bien qu’ayant de
grandes externalités  négatives  plus grandes  encore  à l’agriculture
qui nourrit ;   il a tué le citoyen  pour avoir  promu les
contrevaleurs et le manichéisme, il attaque à présent la constitution
après avoir porté l’estocade à la République qui doit élever chacun au
rang de citoyen.
Oui, l’éloge de  croissance économique !    Où sont ses fruits ?  La
croissance anémique du travail, plus de pauvreté, plus d’inégalités.
Quel abus !  Emergence économique ? Quelle vérité !
Opportuniste, il sait tirer parti du pluralisme politique et de la
famine qu’il sème depuis plus de  neuf ans  afin de  donner un
semblant de légitimité à la forfaiture qu’il  prépare.  Sous ses
mandatures, il sera dit : il ne suffisait  pas de travailler pour
avoir son pain que le travail introuvable ne procure jamais, il
fallait  être un  militant et un flagorneur et croire et  dire que
seul lui est  capable.
Il  a trahi, pour avoir soutenu ce qu’il a défendu aux autres : le
goût forcené du pouvoir. Les résultats de cette trahison sont là et la
grande  partie est différée. Est-il un homme d’Etat ou un combinard
professionnel ?  Les résultats de sa trahison permettront de répondre
à cette question.
Mandela, le vrai,  a dit : «  je laisse ma place à la relève ».
L’autre dit : « s’il y a référendum, il y a troisième mandat  ». Il a
abjuré Mandela. Il  rêve de devenir Biya, Sassou ou Deby. C’est son
droit. La Guinée n’a pas besoin d’un autre dictateur  après soixante
années de fourvoiement national, elle est à la recherche du temps
perdu.
Le renard, les chiens, les vipères, les chevaux, les punaises, les
perroquets, les oiseaux à proie, les papillons, les mouches, les
abeilles, les frelons, les vautours, tant de rapport aux hommes !

Le
renard abuse, c’est son art la tromperie.

Ibrahima SANOH ,
Citoyen guinéen,
Président du mouvement Patriotes Pour l’Alternance et le Salut