Qui était Thierno Aliou Bhouba N’di-an ?
Né à Labé, au cours de l’année 1847. Du clan NDuyeebhe, famille Uururbhe, il est
l’héritier des chefs politiques et religieux de ce clan dans le Labé. Il fit ses premières études coraniques
auprès de son père, Thierno Mamadou; puis chez son oncle, le grand wali, Thierno Abdoulaye Douyeedjo; mais ce dernier mourut peu de temps après; Thierno Aliou passa alors à l’école de son
premier fils. Thierno Aliou eut comme maître en grammaire et en littérature arabes, Thierno Bakar Poti Loughoudi Seleyanké de Lélouma, qui aurait prédit que son élève Thierno Aliou Bhouba N’di-an sera un savant. Il se rendit ensuite auprès de Thierno Doura Sombili qui le forma en Droit musulman (Fiqh) et l’initia à la voie Tidjania pour la première fois.
Remarquablement instruit dans toutes les branches de l’Islam, Thierno Aliou Bhouba N’di-an cessa ses voyages
d’études et revint à Labé pour fonder une grande école où de nombreux élèves se formèrent dans toutes les disciplines. Son enseignement et son instruction furent appréciés à l’extérieur comme à
l’intérieur, et son influence dépassa de ce fait les frontières du Fouta. Mais la marche de son école fut bientôt perturbée par les affaires politiques du pays. Pour y échapper, il transféra son domicile à Bhoubha NDiyan, localité non loin de Labé, où il distribua à son aise son enseignement. Quelques années plus tard, il fut obligé de revenir à Labé pour éviter à ses nombreux visiteurs une longue étape de marche. Son père, Thierno Mamadou, qui assurait les fonctions d’Imam de la mosquée de Labé, de juge et de chef de la famille NDuyeebhe, mourut en 1901. Thierno Aliou Bhouba N’di-an lui succéda alors dans toutes ses fonctions. En tant que chef du district de Labé NDuyebhe, il put avoir des contacts plus étroits avec
la population qui lui témoigna un respect et une vénération remarquables.
Thierno Aliou Bhouba N’di-an ayant été initié à la voie Tidjania par Thierno Doura Sombili, initia à son tour, dès son
retour à Labé, tous ses proches parents, ses talibés et amis. Il déploya un effort considérable pour assurer au véritable épanouissement de cette voie dans le pays. La première chaîne d’initiation de Thierno Aliou dans la Tidjania fut la suivante:
Thierno Doura Sombili
Thierno Mamadou Yéro
Cheikh Mawloud Fall
Cheikh Ahmadou Tidjani
Après la mort de Thierno Doura Sombili, Thierno Aliou se fit confirmer par Alfa Oumarou Rafiou de Dara-Labé. Celui-ci se rattache au Tidjania par El Hadj Oumar, initié par Cheikh Mouhamadal Qhali,dont le maître fut Cheikh Ahmadou Tidjani. En témoignage de reconnaissance à tous ses maîtres, Thierno Aliou Bhouba N’di-an composa de nombreux poèmes sur leur gloire et leur grandeur.
Les disciples de Thierno Aliou etaient très nombreux dans le Fouta et à l’extérieur du Fouta. Depuis l’avènement de la Tidjania dans le Fouta, il etait très rare de rencontrer dans le Labé un marabout qui ne soit rattaché à cette voie par lui. L’exemple le plus éloquent est donné par le grand marabout de Zawia: en effet, Thierno Mamadou Chérif qui dirigea la Chadelia pendant très longtemps abandonna sa voie pour adhérer à la Tidjania par l’intermédiaire de Thierno Aliou.Il conféra la Tidjania à un certain nombre de marabouts, avec pouvoir de transmission.
Les plus importants sont les suivants:
Thierno Abdoulaye, de Bhoubha Ndiyan, son demi-frère.
Thierno Mouctar, de Donghol (Labé), son demi-frère.
Thierno Oumarou Pérèdyo, de Daralabé (Labé).
Thierno Ismaila de Sannoun (Labé).
Thierno Ibrahima de Souloundé-Koubia (Labé).
Thierno Ibrahima Diallo, dit Karamoko Dalein (Labé), qui s’installa à Timbo.
Almamy Boubakar Biro à Konsondougou.
Karamoko Sory Téliko (Mamou).
Extrait du livre de l’histoire du fouta djallon par l’historien Thierno Mamadou Bah.