Mes chers compatriotes
Nous sommes à un autre tournant décisif de notre histoire. Il est temps que chacun d’entre nous choisisse clairement son camp.
Comme Mamadou Tandja du Niger l’avait fait en son temps, Alpha Condé a décidé de passer en force pour s’offrir la voie d’une présidence à vie. Il est sorti du cadre constitutionnel pour suivre la voie de l’illégalité.
Alpha Condé a finalement lâché le morceau en donnant la primeur à ses partisans triés au volet à New York : il leur demande de se préparer au référendum et aux élections. La divulgation de l’information coupe l’herbe sous les pieds de son premier ministre qui était en train de recevoir à la queue leu leu, tous ceux qui participent à l’opération de légitimation de leur coup de force anticonstitutionnel en cours.
Aujourd’hui, nous sommes en droit de le combattre sans répit. Pour ce faire, la clarté est une exigence.
Nous avons un problème avec nos institutions, par l’intermédiaire desquelles, nous devons user de tous les moyens légaux pour faire échec au projet anticonstitutionnel d’Alpha Condé.
Au Niger, c’est la Cour Constitutionnelle, par son arrêt du 12 juin 2009, confirmant son avis défavorable du 25 mai 2009, qui a jugé anticonstitutionnel le décret de Tandja convoquant le corps électoral le 4 août pour le référendum sur une nouvelle Constitution. Mais, il a fallu qu’elle soit saisie par des députés de l’opposition pour se prononcer sur la constitutionnalité des actes du président. En Guinée, la Cour Constitutionnelle est inféodée au chef de l’exécutif et les députés, de l’opposition notamment, ne savent pas que faire.
Une organisation de la société civile a porté plainte à la Cour Suprême contre les sept membres de la Cour Constitutionnelle pour faux et usage de faux en écriture publique ou authentique lors de leur opération de destitution du président Kèlèfa Sall. Alpha Condé a entériné par décret leur coup de force. D’éminents juristes ont qualifié d’illégaux les actes posés par ces conseillers et Alpha Condé dans cette affaire. A moins d’un jugement de la Cour Suprême en leur faveur, cette Cour Constitutionnelle a perdu toute crédibilité dans l’accomplissement de leurs missions.
Quant aux députés, le décret d’Alpha Condé prorogeant leur mandat est en violation flagrante de l’article 60 de la Constitution. Ils n’ont plus aucune légitimité pour nous représenter à l’Assemblée nationale où ils ne siègent que par la seule volonté d’Alpha Condé.
L’UFDG et l’UFR ont fait le bon choix de ne pas cautionner l’illégalité en participant à des consultations qui mènent à la violation de la Constitution. Il est de leur devoir d’aller jusqu’au bout en ne siégeant plus dans une Assemblée nationale illégale. Leur présence ne se justifie en rien. C’est aussi valable pour la CENI dont le président est passé outre l’avis défavorable des sept commissaires issus de l’opposition pour violer plusieurs dispositions de la loi organique portant code électoral. Il veut nous conduire aux forceps aux élections le 28 décembre prochain. Leur présence à la CENI ne sert à rien, sauf là aussi, à crédibiliser les prochaines élections.
Il faut donc laisser Alpha Condé avec ses institutions se livrer à des actes illégaux. Nous ne devons pas être leurs complices en les accompagnant, car les dénoncer dans ces conditions, ressemble à se mettre un cache-sexe pour se donner bonne conscience. Nous ne pouvons pas convaincre le monde de la gravité de la crise politique et en même temps être partie prenante dans toutes les institutions liées directement au processus anticonstitutionnel et que des acteurs participent librement à des consultations illégales (l’article 58 ne permet pas la violation de l’article 154). Le pouvoir tient mordicus à cette participation à toutes les institutions pour légitimer ses actes illégaux.
Les députés et les commissaires de l’opposition doivent faire cet effort pour exprimer leur désaccord avec les dérives anticonstitutionnelles d’Alpha Condé. Ils doivent suivre l’exemple de Lansana Kouyaté et Dr Ousmane Kaba, le premier a fait démissionner les deux ministres PEDN du gouvernement et lui-même a refusé de siéger au parlement depuis 2013 et le deuxième s’est retiré du parlement pour protester contre la prorogation illégale du mandat des députés. Il faut rappeler que durant la crise nigérienne, les sept ministres du parti CDS de l’ancien président Mahamane Ousmane avaient tous démissionné du gouvernement et toute l’opposition avait boycottée les élections législatives illégales de Tandja. Cette action est loin de la politique de la chaise vide, mais une dynamique qui accentuera l’isolement politique du régime et démontrera à la face du monde que nous rejetons toute collaboration avec un pouvoir autoritaire, liberticide et corrompu.
Cette clarification nécessaire faite, nous pourrons désormais engager la résistance avec plus de force et de cohésion. Il faut ajouter ceci :
Les Forces de défense et de sécurité ne doivent pas restées indifférentes, lorsque le pays est en train de traverser une grave crise constitutionnelle, car en vertu de l’article 141 de la Constitution, elles sont républicaines et au service de la Nation. Nul ne doit les détourner à ses fins propres.
Or, comme à son habitude, Alpha Condé compte s’appuyer sur elles pour massacrer les Guinéens qui s’opposeront à son projet anticonstitutionnel. Elles ne doivent en aucun cas obéir à des ordres manifestement illégaux conformément à l’article 6 de la Constitution.
La clarification doit donc se faire à tous les niveaux des forces politiques, sociales et sécuritaires de notre pays. Nous ne devons pas accepter que notre pays sombre dans le chaos à cause de quelques individus assoiffés de pouvoir et de richesses.
Alpha Saliou Wann