Qu’advient-il des dieux contraints de quitter l’Olympe ? Tombent-ils foudroyés, mornes, silencieux, tel l’ange déchu de Victor Hugo ? S’éloignent-ils pleins de rancœur et de rancune ? Quand son tour est venu, le plus grand d’entre eux a tracé dans l’espace un orbe brillant et bref, quasi invisible aux yeux des Français. Puis de Gaulle a rejoint le tombeau, où l’attendait « le tout-petit », sa fille Anne, morte à 20 ans. Cette enfant trisomique, lourdement handicapée et tant aimée, fut l’un de ses grands chagrins.
Lorsqu’il disparaît, Charles de Gaulle a quitté le pouvoir depuis un peu plus de dix-huit mois, 563 jours exactement. Une rupture brutale, pensée, voulue, minutée, trois jours avant le résultat du référendum qu’il a soumis aux Français, le 27 avril 1969, sur « la création des régions et la rénovation du Sénat ». Il sait que tout est perdu. Et, lorsqu’il fait mine de montrer quelque optimisme, il arrive que, derrière lui, à sa modeste place, Yvonne de Gaulle secoue la tête en signe de dénégation. Ces 52,41 % de « non » ne vont guère étonner la femme du président. Personne ne se méprend sur ce résultat. Ses compatriotes ont « congédié » son mari.
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