Décidément, on dirait bien qu’Alpha Condé et son conseiller juridique (je suppose qu’il est consulté pour cette prise de décision) ne comprennent pas français ou bien, ils n’ont pas pris la peine de lire la loi organique portant code électoral avant de prendre le décret convoquant le corps électoral pour les élections législatives.
L’article 62, alinéa 1 de la loi organique portant code électoral dispose : Les électeurs sont convoqués par décret du président de la République, publié au Journal Officiel de la République de Guinée.
– 38 jours avant le scrutin pour l’élection présidentielle
– 70 jours avant le scrutin pour les élections législatives
– 60 jours avant le scrutin pour les élections communales.
Alpha Condé, quant à lui, prend un décret convoquant les électeurs 96 jours avant le scrutin pour les élections législatives. C’est donc une violation flagrante de l’article 62 de la loi organique portant code électoral.
Je vous ai dit, qu’il n’y a aucun espoir, pour qu’il devienne respectueux des lois. La pathologie congénitale qui frappe les dirigeants guinéens a pour nom : non respect des lois.
Que dire du président de la CENI qui en fait à sa tête au lieu de suivre scrupuleusement les directives de la loi organique portant code électoral dans la gestion des élections? Toutes ses décisions sont en violation de la loi électorale. C’est incroyable!
En fait, nous nous sommes donnés le droit de violer le droit en toute impunité.
Au sein de l’Etat, il y a non seulement le ministère de la Justice, mais aussi, la fonction de conseiller juridique qui existe dans tous les services. C’est pareil dans les partis politiques. Je prends le risque de me tromper, mais, je suis persuadé que les dirigeants guinéens ne se posent pas la question de savoir si leurs décisions sont conformes à la loi. C’est un état d’esprit. Et c’est là, le cœur du mal guinéen.
Exigeons que la CENI respecte strictement toutes les dispositions de la loi organique portant code électoral.
Sachant, qu’ils n’ont aucun respect pour la loi électorale, c’est pourquoi, j’ai toujours proposé que le PNUD se charge d’établir le fichier électoral, de la gestion logistique des opérations, ainsi que de la certification des résultats. Nous avions déjà vu à l’œuvre la CENI dans sa gestion calamiteuse de tout le processus électoral, il est temps d’arrêter les frais.
Il faut rappeler que l’ONU est la seule organisation internationale habilitée à s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats, donc faire appel à son arbitrage est normale pour nous éviter des crises qui risquent de faire sombrer notre pays dans le chaos.
J’ai tiré les leçons de nos 30 dernières années de lutte pour obtenir des élections libres, transparentes et crédibles. Nous étions finalement convaincus de l’impossibilité de tenir des élections transparentes durant le pouvoir du général Lansana Conté et voilà que ça n’a pas changé avec Alpha Condé. La seule alternative qui nous reste pour élire démocratiquement nos dirigeants : c’est l’arbitrage onusien. Ne vous y trompez pas, ce sont ceux qui sont contre la transparence qui rejettent avec force cette proposition. Ils veulent continuer à confisquer notre souveraineté populaire.
Je demande aux élites montantes de notre pays de s’engager plus fortement dans le combat pour la démocratie et l’Etat de droit.
Alpha Saliou Wann