Le richissime royaume du Golfe est devenu, aux côtés de son allié saoudien, l’un des soutiens financiers et militaires de l’instabilité dans la région, mais aussi dans certains pays d’Afrique, à leur tête la Libye.
À la veille de la tenue d’une Conférence internationale sur la tolérance à Dubai, qui débutera aujourd’hui et durera deux jours, l’ONG Rights Watch (HRW) a rendu public un communiqué rappelant aux Émirats arabes unis les violations commises par ce royaume contre les militants des droits de l’homme et la liberté d’expression. “Les autorités émiriennes assaillent depuis plusieurs années la liberté d’expression et d’association.
Elles ont utilisé des dispositions vagues et mal interprétées du code pénal du pays ainsi que d’autres lois pour emprisonner les critiques pacifiques, les dissidents politiques et les défenseurs des droits de l’homme”, lit-on sur le site de l’ONG. “En dépit de ses affirmations sur la tolérance, le gouvernement des Émirats arabes unis n’a démontré aucun intérêt à améliorer son bilan en matière de droits de l’homme”, a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice du Moyen-Orient à HRW.
“Pour vraiment prouver qu’ils sont tolérants, les EAU devraient commencer par libérer tous ceux qui sont injustement emprisonnés pour ne pas avoir tenu la ligne officielle”, a-t-elle ajouté. “Les EAU ne peuvent pas se faire valoir de manière crédible en tant qu’États tolérants tandis qu’Ahmed Mansoor, Nasser bin-Ghaith et Mohammed al-Roken, qui ont risqué leur liberté pour faire des EAU un lieu meilleur et plus juste, languissent derrière les barreaux”, a ajouté Léa Whitson.
En effet, Ahmed Mansoor, un militant des droits de l’homme primé et membre du comité consultatif de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, est en prison depuis 2017. Il est accusé de “publier de fausses informations préjudiciables à l’unité nationale des EAU, sur les réseaux sociaux”.
Il a été condamné à dix ans de prison, à l’issue d’une détention secrète durant un an, sans qu’il ait droit à un avocat, dénonce l’ONG, soulignant “qu’en mars 2019, Mansoor a entamé une grève de la faim d’un mois pour protester contre sa condamnation injuste et ses conditions de détention épouvantables”.
Évoquant le cas de Nasser bin-Ghaith, HRW affirme que “ce militant purge depuis dix ans une peine pour avoir critiqué les Émirats arabes unis et les autorités égyptiennes”, expliquant “qu’après son arrestation en août 2015, les forces de sécurité des Émirats arabes unis l’ont maintenu au secret pendant neuf mois.
Bin-Ghaith, en mauvaise santé et privé de soins médicaux adéquats à la prison d’Al Razeen, a entamé une grève de la faim d’une durée de plusieurs mois en novembre 2018, sa troisième grève de la faim signalée depuis avril 2017”. Arrêté en juillet 2012, l’ancien président de l’Association des juristes des Émirats arabes unis, Mohammed al-Roken, a été condamné lui aussi à dix ans de prison pour une présumée tentative de renversement du gouvernement émirati.
“Les autorités l’ont arrêté alors qu’il se rendait à un commissariat de police de Dubai pour s’enquérir des arrestations de son fils et de son gendre”. Al-Roken a été jugé en juillet 2013 par la Cour suprême fédérale d’Abou Dhabi qui “l’a condamné aux côtés de 68 autres personnes dans un procès totalement inéquitable, durant lequel l’assistance juridique lui a été refusée”.