Le Premier Ministre Ibrahima Kassory Fofana n’a pas été accueilli à Labé avec tambours et trompettes mais plutôt par des jets de pierre et du gaz lacrymogène. Ce mercredi, la ville de Karamoko Alpha réputée pour son hospitalité légendaire a dérogé à cette tradition. Les commentaires ne cessent d’enfler la toile.
Certains, très nombreux parmi les militants du FNDC, applaudissent et félicitent ceux qui ont eu l’outrecuidance de casser le cortège du Chef du Gouvernement Guinéen. D’autres condamnent ce comportement qui, à leurs yeux, stigmatise à nouveau cette ville fief du parti UFDG. Le contexte dans lequel intervient cette visite qui concernait le lancement des activités de l’Agence Nationale d’Inclusion Economique et Sociale (ANIES) a été mal choisi.
La veille, des femmes du Front National pour la Défense de la Constitution ont battu le pavé pour dénoncer les tueries des jeunes, pour la plupart originaires de la Moyenne Guinée. Les trois derniers tués lors de la manifestation du 14 novembre ne sont pas encore inhumés puisque le gouvernement n’a pas libéré les corps. Les enfants tués pendant les manifestations des 14, 15 et 16 octobre ont connu des funérailles perturbées par le gaz lacrymogène que le vent du Général Ansoumane Baffoé a transporté jusque dans la mosquée et le cimetière de Bambeto. Le cortège funèbre avait essuyé des tirs à balles réelles et d’autres jeunes de la même communauté tués. Ibrahima Kassory Fofana n’aura même pas versé une larme de crocodile.
Pire, Alpha Condé, au lieu de condamner ces tueries et exiger des enquêtes sérieuses, a mis tout ça sur le dos des manifestants qui « s’entre-tuent » pour le mettre au compte des forces de maintien de l’ordre. Une banalisation de la mort qui a tout l’air d’encourager d’autres massacres des jeunes manifestants et ironie du hasard, ils sont tous de la même ethnie, osons-le dire, peule. Le Premier Ministre Ibrahima kassory Fofana, en personne, semble avoir compris ce comportement.
En rencontrant les sages de Labé, malgré le mauvais accueil, il a déclaré : « nous constatons que les tueries se font en dehors des manifestations. Les autopsies effectuées sur les premiers onze cadavres dont la mort a ému tous les guinéens, indiquent deux choses sérieuses. D’abord tous les onze cadavres sont morts en dehors du périmètre des manifestations, ce n’est pas pendant les manifestations. Dix des onze cadavres ont été tués de dos, d’autres ont été tirés à bout portant à moins d’un mètre (…). Ce n’est pas un face à face entre les forces de l’ordre et les manifestants…().J’encourage les autorités à faire des prières pour que Dieu aide la Guinée à découvrir ces criminels. Parce que curieusement, tous les cadavres appartiennent à une communauté, la communauté Peule. Cela donne le sentiment légitime ou illégitime qu’il y a stigmatisation, ou qu’il y a une ethnie qui est visée. C’est pour cela que pour l’unité nationale, pour la paix dans ce pays, tout, absolument tout doit être fait pour que les investigations aboutissent à arrêter et mettre hors d’état de nuire ces criminels qui se livrent qui se livrent à de telles atrocités. Je prie les autorités religieuses de Labé à faire des prières pour que Dieu nous aide dans les investigations à retrouver ces criminels et éviter ainsi ce sentiment d’exclusion ».
Justement, c’est sans doute ce sentiment d’exclusion qui a conduit à ces incidents malheureux à Labé et qui ne font honneur à personne.