Se marier à certains endroits de la sous-région reste encore un exercice parsemé d’écueils et de croyances culturelles. Revue non exhaustive.
Un bain de boue? Plutôt un mélange peu ragoûtant d’aliments pourris, de bière, de plumes… et de multiples éléments plus repoussants les uns que les autres. Comble du concept, heureusement de moins en moins répandu, la jeune femme doit ensuite défiler dans les rues afin que tout le monde puisse la voir. «Un enterrement de vie de jeune fille» très particulier, en somme. Cette pratique-là est courante chez certains Ekang de Guinée Équatoriale.
Un peu plus compliquée, celle-ci… Chez certains peuples Ekang du Congo-Brazzaville, les épouses et les filles ne font pas les choses à moitié. Un mois avant son union, la mariée doit pleurer pendant une heure tous les jours. Dix jours plus tard, c’est à la mère d’y aller de son plus gros sanglot, puis à la grand-mère la dizaine suivante. À la fin du mois, elles se réunissent toutes pour pleurer en cœur. À quoi bon? Les larmes seraient une expression de la joie.
Pour commencer les festivités chez les Sango de Centrafrique, il est d’usage que la meilleure amie de la mariée la «kidnappe». Elle demande alors une rançon au mari sous peine de ne jamais la revoir. Cette tradition doit démontrer que l’amour est plus fort que n’importe quelle somme d’argent.
Je t’aime, moi non plus
Lors d’un mariage dans quelques sous-groupes Sango, le père de la mariée doit la bénir en lui crachant sur la tête ou sur la poitrine avant de la laisser au bras du nouveau fiancé. Une façon de prouver son affection envers sa fille et d’exprimer ses vœux de bonheur.
Se marier? Oui, mais à un conifère d’abord! Chez plusieurs Ekang du Gabon, les futures épouses doivent se marier à un arbre avant de pouvoir s’unir à un homme. Elles peuvent se fiancer dès que l’arbre est coupé. Une pratique qui éloignerait les malédictions. Cette coutume oblige les jeunes mariés à ne pas se laver ni utiliser les toilettes, trois jours après le mariage sous peine de malchance future. Bizarre vous avez dit? Le couple est alors surveillé à tour de rôle pour vérifier les rations d’eau et de nourriture suffisantes pour finir le rite. Une manière, comme une autre, de rester dans le jus de la cérémonie.
«Liberté»
À côté de ces observances culturelles, le développement des fréquentations amoureuses est un des indicateurs du fait que le choix d’un époux ou d’une épouse soit du ressort des individus et non plus de la famille ou de la communauté. Les mariages arrangés deviennent de plus en plus rares. Le contrôle familial sur le choix du conjoint s’exerce de façon souple. «Les jeunes se rencontrent au marché, aux champs, à l’église ou dans le cadre de migrations de travail. Toutefois, même si la famille ne propose pas le conjoint, les règles d’appariement des époux ont peu évolué», explique Harlet Ze, psychosociologue camerounais. Autrement dit, pour éviter que les parents ne s’opposent à leur union, les jeunes choisissent un conjoint conforme aux attentes familiales, que ce soit en termes de statut économique, ou d’appartenance religieuse.
Ailleurs, nombreux sont ceux qui racontent que fort de leur éducation (limitée à l’école primaire, mais cependant supérieure à celle de leur parent) et quelques fois de leur «connaissance de la ville» via des migrations saisonnières, ils sont devenus «autonomes», «capables de prendre seuls une décision». Se dessine alors un modèle matrimonial qui se caractérise par une grande liberté de choix du conjoint. «Les jeunes générations sont relativement autonomes dans leurs décisions matrimoniales. Toutefois, la famille n’est pas totalement absente, les jeunes couples la concertent avant d’entrer en union, et elle peut même se charger de proposer un conjoint à un célibataire tardif», nuance Harlet Ze.
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