FOUGOUMBA capitale religieuse du Fouta théocratique.
Le Fouta c’est aussi des sites historiques : un parmi d’autres, le village de Fougoumba.
» L’histoire de Fougoumba remonterait au 17ème siècle, période de grandes migrations, notamment des populations peules musulmans.
Fodé Seïri et Fodé Seïdi, deux frères descendants d’un certain Saïdouna Al Housseïni originaire du Madina, seraient arrivés dans la région actuelle du Fouta Djalon. D’après la tradition orale, le plus âgé des deux frères, Fodé Seïri, aurait fondé Fougoumba et son jeune frère, Timbo.
Partis de Tissiti, ils auraient choisi ces deux villages après avoir vécu et enseigné le Coran dans la région du Labé actuel, de Bantiguel et surtout de Pita.
Durant cette période, Fodé Seïri enseigna un certain Saïkou Abdoulaye Walan Bannaa qui à la fin de son apprentissage donna sa fille en mariage à son maître. De plus il lui offrit du bétail. Pour cela il l’amena à l’enclos où se trouvait son troupeau. Il lui dit alors que toutes les bêtes qui sortiraient par la porte ouest de l’enclos deviendraient sa propriété. Plusieurs dizaines de bêtes sortirent par cette porte et devinrent effectivement propriété de Fodé Seïri.
Au cours de cet épisode, le plus grand taureau du troupeau dit Fougou bloqua la porte de sa masse. Aussi Saïkou Abdoulaye Walan Bannaa décida de l’offrir en plus des autres bêtes à son Karamoko.
Peu après ayant repris leur voyage, inspiré par la puissance divine, une prédiction fit comprendre au groupe des deux frères que là où se coucherait ce majestueux taureau Fougou, il devait s’installer et construire un village. C’est ce qu’ils firent. Le taureau s’étant couché sur une termitière (ba en poular), ils décidèrent de fonder un village à cet emplacement et de construire une mosquée (qui est toujours à la même place). D’où le nom de Fougoumba : Fougou du fait du taureau et Ba signifiant termitière. Les deux frères vécurent ainsi pendant trois années dans la zone. Fodé Seïri construisit sa première école coranique à Fougoumba et son frère dans le même temps fonda Timbo.
Plus tard ils décidèrent de repartir ensemble vers Tissiti leur pays d’origine.
Mais après un court séjour, ils revinrent au Fouta et c’est avec d’autres hommes illustres qu’ils pariticpèrent à l’islamisation des populations locales animistes.
Parmi ces hommes on peut citer : Saïkou Alpha Ibrahima Sambégou, Saïkou Alpha Samba de Boriya, Saïkou Alpha Sadjo de Fougoumba, Saïkou Alpha Moussa de Kébali, Saïkou Amadou de Kankalabé, Saïkou Saliou Balla de Koïn, Saïkou Souleymane de Timbi Touni et Saïkou Mamadou Cellou de Labé.
Tous se réunissaient à Fougoumba pour discuter des meilleures méthodes pour islamiser les infidèles et entre autre celle de la Guerre Sainte.
Lors de la décision de la Guerre Sainte, les chefs religieux réunis à Fougoumba, se livrèrent à un exercice de tir à l’arc pour connaître quel serait l’issue de la guerre.
Ainsi ils trempèrent tous leur flèche dans un mélange d’eau et d’un produit préparé spécialement selon les écritures saintes du Coran.
Rendu à côté d’un grand arbre, chacun à son tour, ils lancèrent leur flèche vers l’arbre en commençant par l’aîné. Les neufs flèches ayant atteint le même trou sans l’agrandir, ils y virent l’assurance de la réussite de leur entreprise. La guerre fut donc déclenchée lors d’une saison sèche. Très rapidement les premières victoires sur les infidèles encouragèrent les musulmans à poursuivre leur action.
Après la victoire finale, les Karamokos se réunirent à Timbi Touni pour élire le grand Almamy et ses conseillers. C’est Alpha Ibrahima Sambégou de Timbo qui fut choisi. Son couronnement eut lieu à Fougoumba.
L’Islam imposé dans le Fouta, neufs diwés ou provinces furent créés. Ces neuf diwés étaient : Bhouriya, Fodé Hadji, Koïn, Labé, Fougoumba, Kébali, Kolladhé, Timbo, Timbi Touni.
Quant au couronnement de l’Almamy, il devait se faire à Fougoumba. Il se déroulait dans la concession construite à côté de la mosquée (cette concession existe toujours, le doyen actuel de Fougoumba habite la case du couronnement où séjournait le nouvel Almamy pendant sa période de réclusion) et à la porte de la mosquée. Le futur Almamy était couronné de neuf turbans blancs représentant les neuf diwés. Le nouvel élu devait alors rester reclu pendant neuf jours dans la case du couronnement. Chaque jour on lui enlevait un turban jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un. C’est ce turban que l’Almamy devait garder comme symbole de son pouvoir religieux. Il devait le porter en permanence la queue retombant sur le côté droit de sa poitrine et il était le seul à pouvoir porter le turban de cette façon.
Après son couronnement, l’Almamy se rendait à Timbo d’où il exerçait son pouvoir.
Fougoumba était donc la capitale religieuse du Fouta Djalon, lieu de couronnement mais aussi lieu d’inspiration et de ressourcement pour tout musulman ayant perdu la ligne générale de l’Islam et de ses principes.
Par ailleurs Fougoumba accueillait chaque année une conférence annuelle, qui devait durer trois mois et rassemblait l’ensemble des reprèsentants des Diwés. En effet chaque diwé était sous la responsabilité d’un chef, qui devait être reconnu à Fougoumba, l’Almamy étant le chef suprême de l’Etat Théocratique. Cette conférence était donc l’occasion de débattre entre chefs des problèmes de la confédération et de prendre des décisions devant s’appliquer à l’ensemble des Diwés.
Fougoumba est aujourd’hui encore habité par les descendants de Fodé Seïri, les Séryankés.
Fougoumba reste pour les musulmans du Fouta un haut lieu de la religion qui est sa capitale religieuse historique.
Extraitdu livre de l’histoire du Fuuta-Jalon.