En Europe, la tragédie des jeunes migrants exploités par des réseaux clandestins.
C’est l’une des réalités cachées de la question migratoire en Europe, et pas la moins préoccupante : selon l’organisation Missing Children, qui regroupe une trentaine d’associations issues de 26 pays, les diverses autorités nationales ont perdu la trace d’au moins 30 000 mineurs arrivés dans l’Union entre 2014 et 2017. Un nombre qui serait très en deçà de la réalité selon l’ONG qui les estime « beaucoup plus nombreuses ».
Dans un rapport publié en 2017, Europol, l’Agence européenne de police criminelle, estimait à 10 000 le nombre de mineurs non accompagnés (MENA) disparus entre 2014 et 2017. Dans une étude détaillée d’une cinquantaine de pages diffusée le 2 décembre, Missing Children multiplie ce chiffre par trois et estime, comme les experts d’Europol, qu’il est encore appelé à croître dans les années à venir : les réseaux criminels, qui exploitent les jeunes migrants pour le travail, la mendicité ou la prostitution sont, d’après cette ONG, de plus en plus actifs un peu partout en Europe.
Ces disparitions ne se produisent pas seulement dans les pays de première arrivée mais aussi, désormais, en Allemagne, en Suède ou au Royaume-Uni. Londres a identifié plus de 3 000 victimes potentielles de trafics d’être humains en 2018, l’Italie a découvert des enfants de 13 ans contraints de travailler. La France, qui a recensé quelque 2 400 cas d’exploitation en 2018 (dont 12 % d’enfants), s’inquiète spécialement du sort de jeunes garçons d’Afrique du Nord contraints de mendier ou de travailler, et de celui de jeunes Nigérianes obligées de se prostituer.
afp