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La Constitution n’est pas comme un objet de décoration dans la maison de la République.
Le combat que nous menons est historique au sens où aucun de nos présidents n’a respecté nos différentes Constitutions de 1958, 1990 et de 2010. Nous nous battons donc pour mettre définitivement fin à ces pratiques qui sont les causes de la faillite de notre Etat et des violences exercées contre nos populations depuis l’indépendance en 1958.

Pour quel but Alpha Condé veut-il d’une nouvelle Constitution alors qu’il ne respecte pas les dispositions de celle en vigueur ?
A deux reprises il a délibérément violé la loi organique portant code électoral en son article 62. Il faut le rappeler que la loi organique complète la Constitution.
Pour une première fois, il a pris le décret du 11 novembre 2019 convoquant les électeurs aux élections législatives du 16 février 2020. Ce décret viole l’article 62 alinéa 1 de la loi organique portant code électoral qui dispose que Les électeurs sont convoqués par décret du Président de la République, publié au Journal Officiel de la République de Guinée 70 jours avant le scrutin pour les élections législatives.
En le faisant 97 jours avant le scrutin, il a violé cette disposition .
Le 3 février dernier, il récidive après annulation du scrutin en convoquant de nouveau les électeurs aux élections législatives à la date du 1er mars 2020 qui est une violation de l’article 62 alinéa 2 de la loi organique portant code électoral qui dispose : En cas d’annulation, les électeurs sont convoqués pour de nouvelles élections qui ont lieu 60 jours après l’annulation.

Nous sommes obligés de regarder la réalité en face : Alpha Condé n’est pas le dirigeant qui va promouvoir la démocratie et l’Etat de droit dans notre pays. Il s’est camouflé sous couvert de ce noble combat pour s’emparer du pouvoir dans les conditions d’un vrai coup d’Etat appuyé par l’armée en 2010. Depuis, il exerce un pouvoir personnel au mépris des lois de la République.

Nous ne disposons que de la Constitution comme arme pour le combattre notamment en actionnant ses contre-pouvoirs et son article 21.
Au titre des contre-pouvoirs, nous la Cour Suprême qui représente le pouvoir judiciaire. Nous devons saisir la Cour Suprême en annulation de son décret illégal du 3 février 2020.
Selon l’article 113 de la Constitution La Cour suprême est la plus haute juridiction de l’État en matière administrative et judiciaire.
La Cour suprême est juge en premier et dernier ressorts de la légalité des textes réglementaires et des actes des autorités exécutives.
Il est clair que le décret est un acte de l’exécutif qui rentre dans le champ d’application de cet article 113 de la Constitution, c’est donc la Cour Suprême qui doit être saisi pour le faire annuler.
Mais, parallèlement à l’action judiciaire, nous devons poursuivre les manifestations pour résister à un pouvoir hors-la-loi.

Les membres des Forces de Défense et de Sécurité doivent cesser d’être des instruments au service du dictateur pour massacrer leurs propres compatriotes qu’il sont sensés protéger. Le moment est venu pour qu’ils jouent leur rôle républicain en soutenant le peuple dans sa lutte pour se libérer du joug tyrannique de ce clan mafieux qui a confisqué notre souveraineté populaire.
L’armée doit se joindre à tous les autres acteurs majeurs du pays pour chasser Alpha Condé du pouvoir.

Alpha Saliou Wann