Le 33e sommet des chefs d’État de l’Union africaine s’est fixé comme thème « Faire taire les armes ».
© Minasse Wondƒ±mu Hailu /Anadolu Agency
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Alors que, selon ses propres termes « les armes sont de plus en plus bruyantes », l’Union africaine a choisi comme thème de son sommet annuel à Addis-Abeba, étalé sur deux jours, dimanche et lundi, de « faire taire les armes ». Des progrès ont certes été enregistrés dernièrement en Centrafrique ou au Soudan, mais, du Cameroun au Mozambique, de nouvelles crises sont venues s’ajouter à celles qui déchirent déjà des pays comme la Libye ou le Soudan du Sud. S’adressant jeudi aux ministres africains des Affaires étrangères, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki, a dressé un portrait peu flatteur de la situation du continent, du Sahel à la Somalie, assurant que l’objectif manqué de 2020 révélait « la complexité de la problématique sécuritaire en Afrique ».
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La sécurité, un chantier qui reste entier
Dans un éditorial publié cette semaine dans le journal sud-africain Mail & Guardian, Solomon Dersso, chef de l’organe de l’UA chargé des droits de l’homme, a indiqué que la situation sur le terrain était comme « un pied de nez au thème de l’année ». Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui succède à l’Égyptien Abdel Fattah al-Sissi à la tête de l’UA dans le cadre de la présidence tournante, semble conscient que la tâche s’annonce difficile. Dans un discours fin janvier, il a rappelé que les conflits « continuent de limiter le développement de l’Afrique », estimant que les objectifs d’intégration économique et de lutte contre les violences faites aux femmes « passent par la promotion d’une Afrique sûre et en paix ». D’autres insistent sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des conflits. « Si on veut régler ce problème, on parle de défis socio-économiques profonds, on parle de défis politiques en plus de défis sécuritaires », a soutenu Oussama Abdelkhalek, ambassadeur d’Égypte auprès de l’UA.
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Pourtant, l’UA est divisée sur la question libyenne
Voilà qui conduit l’organisation panafricaine à souhaiter s’affirmer sur plusieurs dossiers et tente notamment de peser plus dans la résolution du conflit en Libye, pays plongé dans le chaos depuis 2011. En amont d’une conférence à Berlin en janvier, une porte-parole de M. Faki s’était plainte du fait que l’UA avait « systématiquement été ignorée » sur le dossier libyen, géré principalement par l’ONU. Mais les efforts de l’UA concernant la Libye ont été minés par ses propres dissensions internes remontant à 2011, lorsque les membres africains du Conseil de sécurité de l’ONU avaient approuvé une intervention militaire alors que le Conseil de paix et de sécurité de l’UA s’y opposait. Une source nigérienne a expliqué récemment que l’UA était « divisée », soulignant, par exemple, que l’Égypte – un poids lourd du continent et soutien du maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen – « ne veut pas que l’UA se charge de ce dossier ». Pour expliquer le manque de poids de l’UA dans ce dossier, Shewit Woldemichael, un chercheur de l’Institute for Security Studies, note par ailleurs que « la crise en Libye […] a été présentée comme une crise qui se déroule aux portes de l’Europe, et qui nécessite une réponse directe des pays européens ».
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Il y a le Soudan du Sud aussi
L’autre conflit auquel Cyril Ramaphosa entend s’atteler est celui au Soudan du Sud. Un accord de paix a été conclu en 2018, sous l’égide de l’organisation est-africaine Igad, mais la formation d’un gouvernement d’union nationale ne cesse d’être reportée. Le week-end dernier, le président sud-soudanais, Salva Kiir, a rencontré M. Ramaphosa en Afrique du Sud alors que le vice-président sud-africain, David Mabuza, joue un rôle actif dans les négociations sur la formation du gouvernement. « C’est une opportunité pour M. Ramaphosa de démontrer son intérêt à s’atteler à ces questions, au-delà de la rhétorique de ses déclarations publiques », estime Piers Pigou, consultant pour l’Afrique australe pour le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG). La présidence de l’UA coïncide pour l’Afrique du Sud avec un siège temporaire au Conseil de sécurité de l’ONU, lui donnant la possibilité de faire entendre la voix du continent sur la scène mondiale. Dans un rapport publié vendredi, l’ICG estime que M. Ramaphosa pourrait devoir jongler avec les sensibilités de dirigeants africains, qui « semblent de nos jours plus réticents aux promesses de paix collectives ».
Le Point