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« La Guinée, cet État censé être une république est devenu en 2019, un territoire, un simple territoire ! », Ibrahima Diallo

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Tribune.
La Guinée, cet État censé être une république est devenu en 2019, un territoire, un simple territoire !

En effet, notre pays ne recouvre aucun attribut d’une République. La Constitution est qualifiée par l’Exécutif de « chiffon » et comme tel, personne ne la respecte, même les opposants. Or cette loi fondamentale est normalement la norme et la mère des toutes les lois ; et de ce fait, elle règlemente, régule et sanctionne la société d’une nation. Or depuis 2010, tout a commencé par le non-respect des délais légaux pour finir l’élection présidentielle, AC a ignoré la date des législatives, et plus rien n’a été fait en respect de la Constitution. Il s’est donc installé, en Guinée, ipso facto la loi du plus fort.

L’Exécutif, ayant naturellement tous les moyens et pouvoirs régaliens, a accaparé de force et par abus de la loi tous les pouvoirs. M. Alpha Condé s’est imposé à nous en autocrate qui ne recule devant rien pour forcer l’assise de son pouvoir sur nous. L’opposition, heureusement avec l’Ufdg, n’a pas voulu baisser les bras, ce qui nous a entraînés dans un cycle infernalement sanguinaire de violations, manifestions et répression dans le sang par le gouvernement Alpha Condé.

Nous sommes à plus de 250 morts depuis le massacre du ‘’28 septembre’’ dans le stade éponyme en 2009. Et ce décompte funeste ne semble pas s’arrêter !

Il n’est plus nécessaire de revenir et d’insister sur les causes et les responsabilités des différents acteurs. M. Alpha Condé a initié son plan machiavélique pour accéder au Pouvoir. Ses autres concurrents, sans expérience politique, ni perspicacité politicienne, l’on accompagné et parfois aidé involontairement sans réaliser qu’il les entraînait dans son agenda.

Malheureusement, la Guinée n’ayant jamais eu une vraie Société civile citoyenne, civiquement engagée mais plutôt partisane et infiltrée par le Pouvoir, la voie était libre pour toute dictature. La paupérisation et surtout la malformation des cadres Guinéens qui sont intellectuellement complexés (complexe du diplôme et du titre académique), la Guinée est un terreau fertile pour tout dictateur.

Nous avons écrit tant de choses et préconisé différentes stratégies de lutte et de résistance. Bref, le combat est asymétrique dont la première raison évidente est les moyens régaliens et financiers dont dispose le Pouvoir qui en abuse pour se maintenir et dicter, puis il faut l’avouer un certain manque de savoir-faire politique des opposants qui en plus, ne sont d’accords que sur leurs désaccords (pour paraphraser FHB ex-PR de CIV).

Pour ma part, une fois de plus, ce serait une erreur de tout limiter à Alpha Condé, comme nous l’avions encore fait avec Lansana Conté et penser que sans lui la Guinée deviendra un pays ‘’normal’’ et de civisme. Faux ! Sékou Touré a déstructuré toute la Société guinéenne, chamboulé tous les repères culturels et religieux avec sa révolution qui a forgé et moulé une mentalité du mal en Guinée. Depuis l’époque du PDG, tous les vices sociétaux en Guinée sont devenus des vertus.

Il est indispensable de refonder cette nation sur de nouvelles bases. Le tissu social est si effiloché qu’il a disparu, l’Homme n’a de valeur en Guinée que par le matériel, par la perception vénale de ce qu’il peut rapporter, le mercantilisme, et l’opportunisme parasitaire sur la Société. Tout cela a conduit à une absence d’intelligentsia que nous confondons abusivement avec les cadres ou fonctionnaires et académiquement instruits mais qui pensent mal parce que mal formés à la base. Ce sont les dégâts et séquelles de l’éducation de masse du PDG. Et ce constat s’est révélé pour moi avec ce faux débat sur la Constitution, et auparavant avec la polémique sur la réforme du Code électoral avec les chefs de quartier. Des textes, certes juridiques, mais sans aucune subtilité ou nécessitant une exégèse d’expert ont fait l’objet de compréhensions fantaisistes dénués de tout bon sens.

Ouvrons les yeux et acceptons nos échecs en tant que nation ! Nous avons tous échoué ! Le régime du PDG depuis 58 s’est incrusté au sein des Exécutifs successifs en se muant successivement en PUP, puis RPG , jusque dans l’Ufdg, dans l’opposition ; et nous, les opposants en étant incapables de les déstabiliser pour différentes raisons de faiblesses et surtout un manque de détermination.

La solution sine qua non, pour moi ? Une conférence nationale souveraine refondatrice de la nation guinéenne !
Le RPG dit que cette Constitution de mai 2010 serait un ‘’chiffon’’ et que tout leur échec de médiocrité viendrait de cette loi fondamentale ; nous, nous pensons que la Guinée a un lourd passé à solder. Bien ! Que M. Alpha Condé accepte alors de démissionner, mettons en place avec l’aide de ‘’pays amis’’ une autre transition avec une Conférence nationale souveraine dirigée par un collège de personnes sages et consensuelles qui iront après cette mission directement à la retraite, avec interdiction de faire de la politique ou occuper une fonction officielle.

Nous débattrons, chacun exposera ses griefs, nous trouverons les solutions idoines pour nous réconcilier avec l’État et aussi entre certains d’entre nous, nous jetterons les bases d’une nouvelle nation, nous revoyons ou rédigeons une Constitution soumise au referendum, sans oublier la Ceni encore à revoir. Ainsi, si M. Alpha Condé se sent encore politiquement apte et que la Constitution le lui permet, le RPG pourra le présenter comme candidat.

Autrement, aller à une élection présidentielle en 2020, ou avant, ou après sans une Conférence nationale souveraine serait une erreur de plus et qui va nous faire retomber dans les mêmes travers car, nous aurons encore confier tout l’avenir d’une nation aux caprices et au bon vouloir d’un individu, fut-il le PRG élu. Car, nos institutions républicaines affaiblies de la sorte par Alpha Condé ne peuvent plus assumer pleinement et sereinement leur indépendance. Elles sont ‘’cadavérées’’ (moribondes !). Alpha Condé les a rendus peu fiables et personne n’a confiance, ni ne les considère.

Et pour que cette refondation se fasse, c’est à nous le peu de Société civile qui subsiste de l’imposer car, les hommes politiques, surtout les plus âgés sont pressés d’arriver au Pouvoir et ils ne voudront pas patienter le temps d’une Conférence nationale refondatrice.

À bon entendeurs,…. !

Tribune de Ibrahim Diallo