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Guinée : les élections ne se tiendront pas encore, ce dimanche 15 mars

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Le pays est suspendu au rapport d’audit du fichier électoral des experts de la Cedeao. En attendant, aucune nouvelle date n’a été fixée pour le double scrutin. Par Le Point Afrique
Publié le 11/03/2020 à 07:35 | Le Point.fr
Les elections legislatives ainsi que le referendum constitutionnel prevus initialement le 28 decembre et maintes fois reportes – ne se derouleront pas ce dimanche 15 mars.
Les élections législatives ainsi que le référendum constitutionnel prévus initialement le 28 décembre et maintes fois reportés – ne se dérouleront pas ce dimanche 15 mars.

Nouveau rebondissement dans le calendrier électoral en Guinée. Initialement prévus le 28 décembre 2019, les élections législatives ainsi que le référendum constitutionnel ont été maintes fois reportés avant d’être programmés pour le 1er mars. Mais sous la pression de l’opposition et de la communauté internationale qui ont pointé du doigt des irrégularités dans le fichier électoral, le président Alpha Condé avait annoncé au dernier moment, fin février, un report de deux semaines de ces élections. Hier, mardi 10 mars au soir le président de la Céni, la Commission électorale nationale a indiqué que le double scrutin n’aurait pas lieu ce dimanche 15 mars. En effet, le président Condé avait laissé à la Céni l’initiative de fixer une nouvelle date. Ce que la Céni fera après l’audit du fichier électoral par les experts ouest-africains.

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Encore un report !
La tenue de ces consultations dans un délai aussi court après leur report paraissait improbable. Mais aucun officiel n’avait jusqu’alors déclaré publiquement qu’elles ne se dérouleraient pas le dimanche 15 mars. « Tout ce que je peux dire, c’est que les élections n’auront pas lieu dimanche », a déclaré à l’AFP le président de la Commission électorale nationale indépendante, Amadou Salifou Kébé. Il faut souligner que l’opposition ne relâche pas la pression. Hostile au projet de réforme constitutionnelle, qu’elle considère comme liberticide, elle appelle au boycott des urnes et est de nouveau mobilisée dans les rues. Entre-temps le président Condé a fait appel à une mission d’experts électoraux de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour aider à « établir un fichier électoral fiable et créer les conditions d’un scrutin crédible, libre et transparent », selon les autorités guinéennes.

Une nouvelle date suspendue à l’audit du fichier électoral
Le président de l’institution chargée des élections a justement invoqué le travail de cette mission d’experts ouest-africains qui doit rendre rapidement ses conclusions. Ces experts devaient se pencher sur les listes électorales, un des motifs de la contestation. « Nous n’avons pas encore le rapport des experts de la Cedeao », a dit Amadou Salifou Kébé. Donc, pour le moment, la commission n’a « aucun motif » de se réunir pour décider de la tenue du référendum et des législatives le 15 mars, a-t-il dit. L’opposition dénonce toutefois la présence parmi les experts de la Cedeao de personnes qu’elle juge proches du pouvoir guinéen.

De son côté, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui accompagne le processus électoral en Guinée a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de défunts. Elle avait aussi remis en cause la régularité du référendum et des législatives et indiqué qu’il lui était « difficile » de continuer sa mission.

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Depuis mi-octobre, la mobilisation anti-Condé, sous la houlette du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), donne lieu à des manifestations massives à travers le pays, à des journées villes mortes qui affectent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves épisodes de brutalité policière. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors. L’opposition considère le référendum comme une manœuvre du président Alpha Condé, bientôt 82 ans, pour briguer un troisième mandat à la fin de l’année. L’opposition juge le report du double scrutin insuffisant, puisque selon elle il « ne répond nullement à la demande légitime du peuple de renoncer au troisième mandat et au référendum constitutionnel ». Il « ne résout pas les questions d’inclusion, de transparence et de crédibilité du processus électoral. Notre lutte est loin d’être achevée », a dit le FNDC. Le groupement n’a pas encore réagi à ce nouveau rapport. En effet, deux de ses figures Ibrahima Diallo et Sékou Koundouno ont été inculpés d’« outrage à agent, violences et voie de fait, production, diffusion et mise à disposition d’autrui de données de nature à troubler l’ordre public ou à porter atteinte à la dignité humaine ».
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