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« Comme les Guinéens préfèrent être dirigés par les médiocres, ils continueront à vivre misérablement… », Alpha Saliou Wann

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Je viens de lire les commentaires de la Banque mondiale sur le plan de riposte du gouvernement putschiste de Guinée. C’est une lettre adressée par le représentant résident de la Banque mondiale au premier ministre Ibrahima Kassory Fofana.
C’est honteux. Je préfère vous donner une image de la chose pour faciliter votre compréhension.
C’est un plan concocté par tout un aréopage de hauts commis de l’Etat sous la supervision de Kassory Fofana. Leur devoir de groupe a été rendu au professeur Banque mondiale qui, après correction, leur a donné la note de 00/20. Leur plan est bon pour la poubelle.
Comme d’habitude, depuis 1985, les experts de la Banque mondiale sont obligés de faire le travail à leur place. La Banque continue de financer des programmes d’études sur la gouvernance pour nos administrations sans résultats tangibles. Depuis plus de 30 ans, nous payons toujours pour des élèves qui redoublent leurs classes, car ce ne sont pas des cours gratuits. Ceux qui ont lu la lettre, ont certainement dû constater que le professeur Banque mondiale ne fait que proposer des modules de formations supplémentaires à nos gouvernants ou carrément à proposer son assistance pour préparer un nouveau plan de riposte.

Je vais faire une série de publications pour vous faire part de mes remarques.
Mais, il faut reconnaître que c’est frustrant pour nous de ne pas pouvoir débattre des vrais sujets qui comptent pour notre pays. Le public et même les médias préfèrent les propos sensationnels sur la politique que des analyses de fond sur les vrais enjeux de développement de notre pays.
Nos élites aussi lisent peu et donc il est inopérant d’aborder en profondeur des dossiers techniques. Les médias publics et privés n’invitent pas des universitaires et des spécialistes dans tous les domaines notamment économiques, sociaux et politiques pour décortiquer les sujets d’actualité de façon contradictoire afin d’informer le public. A ce que je sache, ce plan de riposte n’a pas suscité de débats techniques approfondis dans notre pays.

C’est par quelques petites phrases que je vous ai dit dans mes différentes tribunes, que ce plan n’est pas crédible. Pour ne pas subir le courroux de nos patriotes bien-pensants, je n’ai pas dit directement qu’il ne passera pas à la loupe de nos partenaires techniques comme le FMI et la Banque mondiale notamment.

Dans ma tribune du 12 avril dernier, j’ai noté que : « Les chiffres alignés dans ce plan ne s’appuient sur aucune réalité concrète ». Effectivement, la Banque mondiale n’a validé aucun de ces chiffres. Elle a même vertement souligné la grotesque surestimation de la prise en charge des factures d’électricité des consommateurs de la catégorie sociale pour trois mois (avril -juin 2020), chiffré à 456 milliards de francs (46 millions de dollars) alors que les simulations de la Banque mondiale indiquent au maximum 6 milliards de francs (600.000 dollars). Que même si ce tarif social est élargi à l’ensemble des consommateurs, le coût total n’excédera pas 3 millions de dollars, soit 43 millions de dollars le montant de trop ( à se partager). Que dire des montants concernant le train Conakry Express qui était à l’arrêt depuis trois mois ou la vingtaine de bus qui circule à Conakry.
Vous comprendrez pourquoi, j’ai écrit plus loin dans ma tribune du 12 avril : « Il ne nous reste plus que le FMI, la Banque mondiale et la BAD pour boucler le budget du plan de riposte qui, à y regarder de plus près, n’est nullement crédible.
Que des chiffres fantaisistes… »

Portons aussi une plus grande attention à cette fameuse ANIES, car comme je l’ai martelé, tout porte à croire que cette agence est une autre caisse occulte de financement politique du pouvoir.
A mon avis, la Banque mondiale qui parraine ce programme, fait preuve de complaisance à l’égard du gouvernement dans ce dossier.

En conclusion, le professeur Banque mondiale indique au gouvernement Toto, que les projets financés par elle, peuvent soutenir les différents volets de son plan de riposte au covid-19 pourvu qu’il remplisse quelques petites conditions.

Ce sont les conséquences de la médiocrité au sommet de l’Etat. Les plans de riposte au covid-19 de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Sénégal ou du Burkina Faso sont passés comme lettre à la poste devant le scanner de la Banque mondiale et du FMI.
Bon, comme les Guinéens préfèrent être dirigés par les médiocres, ils continueront à vivre misérablement. Évidemment, ces derniers, quant à eux, vivent luxueusement sur leur dos.

Alpha Saliou Wann