Le mensonge existe depuis le péché originel. Tout le monde ment, parfois même sans s’en apercevoir. Faut-il croire que l’humanité est vouée à mentir et à se mentir jusqu’à la fin des temps ? Est-il possible de renoncer à cette pratique ?
Tout le monde ment et, comme l’éléphant, trompe un peu, beaucoup, énormément. Le faux s’insinue tant dans le couple qu’en famille ou à l’école, tant en affaires qu’en politique, dans les médias qu’au palais de justice. « Le mentir, plus que le rire, est le propre de l’homme », soutenait le philosophe Alexandre Koyré. Nous mentons tous, sans être pour autant des menteurs invétérés. De même que chacun recourt à la manipulation sans être un manipulateur patenté. Il est parfois impossible de faire autrement.
Or le Catéchisme de l’Église catholique met les points sur les i : « Le mensonge est l’offense la plus directe à la vérité. Mentir, c’est parler ou agir contre la vérité pour induire en erreur celui qui a le droit de la connaître. En blessant la relation de l’homme à la vérité et au prochain, le mensonge offense la relation fondatrice de l’homme et de sa parole au Seigneur ». Et si on osait un peu de vérité sur le mensonge ?
Mettre ensemble la vérité et la charité
Si le mensonge est universel, certains mentent néanmoins plus que d’autres. Qui croire ? L’ère de la grande défiance est arrivée. « On n’a jamais menti autant que de nos jours, affirme Alexandre Koyré. Ni d’une manière aussi éhontée, systématique et constante. » N’omettons pas non plus les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux, en fournissant des rumeurs et des accusations infondées. En mars 2018, des chercheurs de Cambridge ont publié une étude démontrant que les fausses informations courent plus vite que celles qui sont vérifiées, car le ragot et la rumeur attirent le chaland.
« Je vois le mensonge comme un mal nécessaire qui contribue à l’harmonie sociale. Mais la vertu réside bel et bien dans la vérité et l’honnêteté », soutient le psychologue québécois Jean Gervais. Ouf ! Cela dit, si toute vérité n’est pas bonne à dire, il faut tenter de dire la vérité… mais pas n’importe comment, ni forcément à tout le monde. La vertu de prudence demeure indispensable : la vérité, privée de sa sœur, la charité, est souvent intolérable. La vérité sans la charité blesse.