La grave crise politique qui se joue au Mali ne semble pas faire fléchir le président Ibrahim Boubacar Keita. Ce dernier a reconduit jeudi à son poste son Premier ministre démissionnaire et l’a chargé de former le prochain gouvernement.
Les félicitations du président
En poste depuis 2019, Boubou Cissé ne sert donc pas pour l’instant de fusible au Chef de l’Etat. L’occasion était pourtant là : à la suite de la récente installation d’un nouveau Parlement, consécutive aux législatives de mars et avril, le Premier ministre avait présenté sa démission au président. Mais il a été reconduit avec en prime les félicitations du président.
La confirmation à son poste de Boubou Cissé intervient sur fond de mécontentement dans la capitale. Le 5 juin, une coalition hétéroclite, emmenée par un leader religieux influent, a fait descendre dans les rues de Bamako des dizaines de milliers de personnes réclamant la démission du président, qu’ils jugent responsable de la profonde crise multiforme que le Mali traverse depuis 2012. Les manifestants ont dénoncé la grave dégradation sécuritaire du pays meurtri par les attaques djihadistes et les violences intercommunautaires, la pauvreté, la défaillance des services publics ou encore la corruption, comme autant de maux dont il juge responsable le président actuel.
Un parti présidentiel diminué mais toujours fort
Les législatives et la décision de Cour constitutionnelle d’inverser une trentaine de résultats proclamés, dont une dizaine au profit de candidats du parti présidentiel, ont achevé d’exaspérer les mécontents. Bien que le parti présidentiel soit sorti diminué de ces élections, le président Keïta continue toutefois de disposer d’une majorité parlementaire solide.