Dans son communiqué, la délégation de la CEDEAO avait, rappelons-le, «invité » le gouvernement à « reconsidérer les résultats de toutes les circonscriptions» lors des dernières législatives. « De nouvelles élections partielles pour les circonscriptions concernées devraient être organisées dans les meilleurs délais », avait-elle ajouté, réduisant la crise politique actuelle du Mali à une contestation électorale.
D’où le courroux des partisans de l’imam qui rejettent en bloc la proposition d’élections partielles brandie par la CEDEAO, proposition qui, “outre sa totale illégalité, occulte la teneur des conclusions du 18 octobre 2018” lors de la rencontre entre la délégation ouest-africaine et les représentants du Mouvement du 5 juin. Dans les circonstances actuelles, aucun gouvernement, même d’«union nationale» dont le M5-RFP n’est ni demandeur, ni preneur ne saurait résoudre les problèmes du Mali.
Aussi, le M5-RFP dit réitèrer sa demande de démission du Président Ibrahim Boubacar Keita et son régime tout en s’engageant “à mettre en œuvre tous les moyens légaux et légitimes pour l’atteinte de cet objectif qui seul peut aujourd’hui sauver le Mali”.
Du côté du camp du pouvoir, la lecture est tout autre. Jeudi, le président de l’Assemblée nationale, Moussa Timbiné, avait mis en garde ceux qui seraient tentés de céder aux pressions de la rue. « La logique » de ces manifestations, c’est « d’ébranler toutes les institutions. “C’est le Mali qui sera complètement occupé par les jihadistes. Beaucoup (de ceux) qui marchent sont avec les jihadistes », avait-t-il déclaré en séance plénière, rejetant lui aussi l’idée d’élections partielles.
La mission de la CEDEAO dépêchée par le président en exercice, Mahamadou Issoufou du Niger, était conduite par le ministre des Affaires étrangères du Nigeria, Geoffrey Onyeama, ses homologues du Niger et de la Côte d’Ivoire, Kalla Ankourao et Ally Coulibaly, ainsi que le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, de nationalité ivoirienne.