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Un Coup d’État propre conduit le Président malien Ibrahim Boubacar Keïta à la démission

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Du jamais vu sur le continent africain et ailleurs ! Une partie de l’armée malienne a pu renverser, le 18 août 2020, sans aucune effusion de sang, leur Président, Ibrahim Boubacar Keïta, dissoudre le Gouvernement et l’Assemblée Nationale.

Depuis le 19 août 2020, date à laquelle l’ancien Président malien a fait son dernier discours, l’exercice du pouvoir est assuré, à titre provisoire, par le Comité National de Salut Public (CNSP) et ce, jusqu’au prochaines élections générales qui devraient jeter les bases d’un nouveau Mali.

Le CNSP, par la voix de son Porte-Parole, le Colonel-Major Ismaël Wagué,a affirmé que tous les Accords Internationaux seront respectés à la lettre, notamment le processus d’Alger signé en 2015, précisant que des forces telles que la MINUSMA ou encore Barkhane, le G5 Sahel et la force Takuba demeurent des partenaires pour la restauration de la stabilité.

C’est pourquoi, le CNSP a appelé les différentes forces politiques maliennes à se joindre à son projet et a assuré ne pas vouloir imposer un régime militaire tout en expliquant que seulela dégradation de la sécurité a conduit une partie de l’armée à renverser le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Le CNSP a, en outre, dans sa déclaration, affirmé déplorés la politique de la terre brûlée qui s’est soldée par de nombreux villages incendiés, par le massacre de paisibles citoyens et ce, sans parler de la mort quotidienne de leurs compagnons d’armes. Une horreur quotidienne des Maliens devenus des réfugiés dans leur propre paysen proie à toutes les difficultés existentielles.

Ce Coup d’État propre a été condamné par l’Organisation des Nations-Unies, l’Union Européenne, la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), certains pays africains mais aussi par la France, qui par un communiqué publié par son Chef de la diplomatie, Jean-Yves le Drian, a annoncé que la France partage la position de la CEDEAO tout en réaffirmant « avec force son plein attachement à la souveraineté et à la démocratie maliennes »Le Conseil de Sécurité de l’ONU devrait, d’ailleurs, se réunir ce 19 août 2020 en urgence au sujet de cette crise, à la demande de la France et du Niger.

Parmi les leaders de ce Coup d’État propreon citera le Colonel Malick Diaw, Chef de la 3èmeDivision militaire de Kati et un des cerveaux de ce renversement du pouvoirle Colonel-Major Ismaël Wagué, Chef d’Etat-Major adjoint de l’Armée de l’Air et Porte-Parole du CNSPet le Colonel Sadio Camara. C’est, d’ailleurs,le Colonel-Major Ismaël Wagué qui a lu la déclaration faite, le 19 août 2020 au petit matin, à la télévision publique malienne.

Autres participants à ce coup d’État propre, le Général Cheick Fanta Mady Dembele, ancien élève de l’Ecole Saint-Cyr en France et titulaire d’une licence en Histoire de l’Université Panthéon-Sorbonne. Il a été nommé en 2018 au poste de Chargé de la Gestion des Conflits et de la Planification Stratégique à la Commission de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, basée à Addis-Abeba, en Éthiopie.Il y a également d’autres officiers supérieurs de la gendarmerie, de la police et de l’armée de l’air. Ces officiers, expérimentés et au curriculum vitae solide, savent actionner les leviers pour rassurer la communauté internationale et tenter de rétablir un dialogue.

Cependant, ce temps d’incertitude durant la transition du pouvoir pourrait être exploiter par les groupes extrémistes violents et les terroristes pour propager l’insécurité à l’intérieur du pays.

Mais au-delà de la question des groupes armés qui essayeront de profiter de ce vide institutionnel, la question se pose aussi sur les ex-groupes rebelles. Et même si le Comité National pour le Salut du Peuple tend la main à ses groupes dans le cadre de la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord de Paix, on peut encore s’interroger sur la réaction de ces anciens groupes rebelles.

Au final, Ibrahim Boubakar, âgé de 75 ans et au pouvoir depuis 2013, était devenu le symbole de l’impuissance de l’Etat face à de nombreuses crises telles que le djihadisme et les violences intercommunautaires qui fragilisent le pays depuis des années.

Farid Mnebhi depuis Maroc pour focusguinee