.Soyons vigilants devant l’égoïsme du vaccin
« Nous devons éviter de tomber dans le nationalisme du vaccin. Seule une distribution bien planifiée à l’échelle planétaire sera dans l’intérêt de chaque pays. » En commentant le comportement de certains pays qui spéculent sur les candidats vaccins, le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a exprimé son inquiétude en ces termes. En effet, certains politiciens américains sont allés encore plus loin avec leur égoïsme extrême saboteur de la lutte antiépidémique mondiale.
Le monde dénombre à l’heure actuelle plus de 23 millions de cas confirmés et plus de 800 000 décès dus au COVID-19. Le vaccin est attendu comme le remède final. Ces derniers temps, plusieurs pays ont rapporté d’importants progrès dans ce sens : les recherches ont bien avancé ou un vaccin est sur le chemin d’être commercialisé. Ces bonnes nouvelles redonnent de l’espoir au monde entier. Malheureusement, certaines personnes aux Etats-Unis préfèrent envisager la question du vaccin d’un œil politique et parlent même d’une « course géopolitique ».
Ainsi, les politiciens américains qui s’accrochent à leur idéologie de compétition à somme nulle, après avoir politisé la question de l’origine du virus, sautent sur le propos du vaccin et s’en servent pour détourner le mécontentement et décrocher des voix électorales. Ils accusent la Chine de « voler les techniques et données américaines », de jouer de la « diplomatie du vaccin ». Dans le même temps, ils ont dégainé toutes leurs armes pour avoir la prépondérance en termes de recherche et développement et d’utilisation du vaccin. Ces messieurs sont même prêts à en faire une affaire bien lucrative. En mars, Washington a été soupçonné d’avoir tenté d’acquérir l’exclusivité de la technique du vaccin développée par une société allemande. Cet acte extrêmement égoïste a été vivement contesté.
Certains se livrent même à une guerre du vaccin. Le magazine Science a révélé que le gouvernement américain avait signé avec plusieurs sociétés pharmaceutiques des contrats d’achat de vaccin pour une valeur totale de 6 milliards de dollars. Pas difficile de deviner la motivation de Washington qui après avoir mal géré la crise sanitaire parie maintenant sur la vaccination.
Le besoin urgent du vaccin est pourtant bien compréhensible. Justement, ce besoin est encore plus imminent dans les pays en voie de développement où vit la partie majoritaire des populations planétaires. Comme l’indique le magazine britannique The Ecologist, la dispute des candidats vaccins par les Etats-Unis et autres pays réduira considérablement la chance des populations vulnérables vivant dans les pays pauvres d’accéder à la vaccination. Le monde entier en subira les conséquences. Le docteur Dr John Nkengasong du Centre de contrôle et de prévention des maladies d’Afrique a bien peur que la quantité des doses de vaccin accessibles à l’Afrique ne soit pas suffisante.
La mise au point du vaccin ne signifiera pas la fin de la guerre contre le COVID-19. Assurer que la communauté internationale profite de ce fruit de manière équitable sera un combat encore plus âpre.
La Chine a mené le développement du vaccin dans la dynamique de la préservation de la sécurité sanitaire mondiale. En mai, dans son discours prononcé à l’inauguration de l’Assemblée mondiale de la santé, le président chinois Xi Jinping a promis de « mettre le vaccin chinois, dès qu’il serait mis au point, à la disposition du monde entier comme un produit public ». Récemment, le ministère chinois des Affaires étrangères a invité l’académicien Zhong Nanshan à échanger en ligne avec 158 délégations diplomatiques étrangères pour partager les expériences chinoises en termes de prévention et de traitement de la pneumonie due au nouveau coronavirus.
La Chine n’est pourtant pas capable d’assurer à elle seule la distribution équitable du vaccin. Tous les pays, en particulier les pays développés ont leur responsabilité à assumer. L’OMS a reçu à ce jour 2,5 milliards de dollars de don pour financer le projet dit l’Accélérateur de l’outil contre le COVID-19. La somme de 31,3 milliards sera pourtant nécessaire pour soutenir les travaux des 12 premiers mois : une grande lacune reste à remplir.
L’étroitesse du nationalisme est derrière l’impasse dans laquelle se trouve le monde que ce soit pour répondre aux changements climatiques ou pour réduire les écarts entre les nations. Face au défi du COVID-19, les pays du monde ne doivent pas se laisser prendre en otage par l’égoïsme du vaccin des politiciens américains. La solidarité et la coopération sont les armes les plus puissantes pour combattre le désastre. Le chef de l’OMS a bien résumé la situation : pour une reprise plus vite, il faut que le monde entier se reprenne. Une partie du monde ou quelques pays du monde à eux seuls n’arriveront pas à sortir de la catastrophe.