Cet article fait suite au précédent titré « Pour une fois, l’UFDG prend son destin en main. Et c’est tant mieux ! » ; déjà publié sur plusieurs sites guinéens et sur les réseaux sociaux. J’apprécie l’engouement et la contribution de mes compatriotes au débat suscité par l’article en question.
Avant de rentrer dans le vif de celui-là, j’aimerai faire un bref rappel historique sur l’évolution de la politique en Guinée depuis son indépendance. L’objectif ce rappel est de prouver que le problème fondamental qui a fauché le développement économique de la Guinée est sans équivoque ses hommes qui ont eu, par le hasard des moments, à la diriger. Contrairement à nos voisins du Sénégal et de la Cote D’Ivoire, la Guinée a eu la malchance d’avoir des présidents de la république amateurs et inexpérimentés. Du syndicaliste Sékou Touré, en passant par le général Lansana, au professeur (?) Alpha Condé, nos présidents ont toujours été des novices. Le slogan « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » n’a jamais été une réalité en Guinée !
Sékou Touré fut un syndicaliste dissipé qui joua un rôle vital dans la lutte pour l’accession de la Guinée à l’Independence en 1958. Cependant, malgré ses prouesses dans cette lutte, il n’était pas l’homme qu’il fallait à la tête de cette jeune nation. Il n’avait ni l’expérience professionnelle ni l’éducation académique pour assumer une telle responsabilité. Les conséquences de cette défaillance se font sentir ; même après plus de 60 ans d’Independence. Pour s’en rendre compte, il suffit de comparer la Guinée à nos voisins du Sénégal.
Sékou Touré, après 26 ans au pouvoir, est décédé en Mars 1984 ; laissant ainsi aux guinéens un système pipé qui avait besoin de reformes profondes sur tous les plans. Comme si l’histoire se répétait en Avril 1984, un soi-disant colonel de l’armée, venu de nulle part, accaparait le pouvoir et se déclarait président de la république. Lansana Conté, puisqu’il s’agit de lui, novice et inculte ne pouvait faire aucun miracle pour sauver la république qui en avait tant besoin. On peut l’attribuer et lui donner du crédit pour l’avènement du multipartisme en Guinée ; mais son niveau intellectuel et son parcours militaire ne pouvaient faire de lui l’homme de la situation. Conséquemment, c’est plus de 24 ans perdus ; toute une génération !
Sans parler de Moussa Dadis Camara et de Sékouba Konaté, que je considère comme la conséquence de 50 ans de malédictions pour la Guinée ; j’aborderai le cas précis de l’actuel président de la république Alpha Condé. Sa situation est différente de celle de ses prédécesseurs. Il est universitaire avec un parcours politique formidable. Il s’est toujours opposé à la façon dont la Guinée fut dirigée avant lui. Il a toujours critiqué le système, même s’il n’a jamais proposé de solutions pour faire avancer la Guinée. Le programme de société de son parti politique, le RPG, n’est que du pire copier-coller. En d’autres termes, son programme politique n’est point l’émanation d’une étude approfondie des besoins urgents de la Guinée. Cependant, le point commun qu’Alpha Condé a avec ses prédécesseurs est le suivant : Il est novice ! La présidence n’est point un lieu d’apprentissage. Même entouré des meilleurs cadres au monde, un président novice ne peut produire les résultats escomptés. Et c’est cela le problème fondamental de la Guinée depuis son indépendance en 1958.
Après plus de 60 ans de médiocrité à la présidence de la république, l’élection présidentielle du 18 octobre prochain donne au peuple de Guinée une nouvelle opportunité de mettre enfin « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » ! De tous les candidats en compétition, l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo reste le seul candidat qui a les qualifications requises pour assumer les fonctions de Président de la république. C’est pourquoi, j’en suis convaincu, que le peuple se fera entendre à travers les urnes pour plébisciter l’homme à la tête de l’exécutif, au soir du 18 Octobre. Si cette victoire est bien réelle, la question qui se pose est comment assurer cette victoire ? D’où le titre de l’article. Dans les lignes qui suivent, je m’essayerai de parler de cette stratégie à mettre en place tout au long du processus électoral pour garantir cette victoire de l’UFDG.
- L’UFDG doit dès maintenant mettre en place un groupe d’avocats pour faire face aux infractions
Les violations des dispositions des lois et règlements ont déjà commencer chez l’adversaire. La CENI, la HAC, et la Cour constitutionnelle ne jouent pas leur rôle ; en violation flagrante des lois du pays et celles de la CEDEAO. Ce serait une erreur fatale si l’UFDG se contentait à de simples dénonciations verbales à travers la presse écrite et audio-visuelle. Il faut dès maintenant attaquer ces violations au niveau de la Guinée, et de la CEDEAO. La RTG est devenue une antenne de propagande pour l’adversaire Alpha Condé. La CENI n’est pas dans les délais légaux pour pouvoir afficher les listes électorales, et permettre une révision de la liste avant d’imprimer les cartes d’électeurs. Le rapport final de l’audit du fichier électoral par les experts de la CEDEAO doit être publié et mis à la disposition des partis en compétition. Le délai des 30 jours pour le début de la campagne électorale est fauché. L’utilisation des caisses de l’Etat et l’usage des engins de l’administration pour faire compagne pour Alpha Condé se font sans complaisance. Tous ces manquements doivent être attaqués immédiatement au niveau des juridictions compétentes du pays et celles de la CEDEAO.
- L’UFDG doit faire front commun avec les autres partis candidats à l’élection
Avec un fichier taillé sur mesure, une administration impartiale, une CENI inféodée, et une Cour Constitutionnelle capotée, l’UFDG n’a pas les ressources pour faire face toute seule à une telle machine de fraude. C’est pourquoi, elle doit travailler avec les vrais candidats qui se réclament du FNDC pour faire face à la fraude. Ces partis, comme le PADES de Kaba, et le RGD de Camara, s’ils sont sérieux face à leur candidature, doivent se joindre à l’UFDG pour porter plainte contre les manquements mentionnés ci-dessus. Ils doivent travailler ensemble durant tout le processus électoral pour assurer des élections libres, transparentes, et inclusives. En tout cas, le peuple a les yeux tournés vers eux !
- L’UFDG doit tendre la main aux grands partis absents à cette élection
La participation du PADES et RGD à cette élection, s’ils sont sérieux, pourrait favoriser l’UFDG. Cependant, c’est la première fois qu’il participe à une élection quelconque. Ils n’ont pas encore démontré qu’ils ont une base solide de militants aux quels on peut compter. A cause de cette incertitude, l’UFDG doit tendre la main aux autres partis du FNDC comme l’UFR de Sidya Touré, le PDEN de Lansana Kouyaté, et même l’UDG de Mamadou Sylla. Ces partis ont prouvé dans toutes les élections auxquelles ils ont eu à participer, qu’ils ont une base solide de militants. Leur accord, même symbolique, serait d’un avantage capital pour le candidat de l’UFDG. Cette main tendue à ces partis doit être une priorité à l’UFDG. Cellou Dalein Diallo doit impérativement faire un pas faire ses camarades le plus tôt possible.
- Mobiliser les militants du parti
La mobilisation des militants du parti est une nécessité urgente. Il n’est un secret pour personne que la décision du parti de participer à cette élection a créé des clivages en son sein. Entre les partisans du Oui et du Non, les querelles continuent alors que la date fatidique du 18 Octobre arrive à grand pas. Les arguments avancés jusque-là ne semblent pas apaiser les tensions. Pourtant, battre Alpha Condé nécessite l’engagement sans faille de tous les militants de l’UFDG. La mobilisation de tous les militants à tous les niveaux est une condition primordiale pour contrecarrer la machine à fraude mise en place par l’adversaire. Il faut donc, dès à présent, convaincre les militants de l’UFDG qu’une élection n’est jamais gagnée ou perdue à l’avance. C’est pourquoi, le vote massif des militants de l’UFDG serait déterminant pour déjouer la mascarade électorale qui a déjà commencée.
- Il faut exiger l’implication de la Communauté Internationale dans le processus électoral
Certes, la CEDEAO n’est pas parfaite ! Cependant, cette organisation continue d’évoluer dans la bonne direction. L’UFDG ne doit pas minimiser les capacités de cette institution sous-régionale. Aujourd’hui, diplomatie oblige, les autres institutions internationales auraient pris l’habitude de s’en tenir aux conclusions de la CEDEAO concernant les crises socio-politiques dans la sous-région. On peut citer en exemple, l’élection présidentielle Gambienne en 2016, celle de la Guinée Bissau en 2020, et le coup d’état au Mali. On peut même se féliciter de la position de la CEDEAO concernant les élections législatives et l’audit du fichier électoral en Guinée.
L’UFDG doit exiger l’implication de la CEDEAO et d’autres telles que l’UA, la Francophonie, l’ONU, et l’UE dans le processus électoral. Les observateurs de cette communauté internationale doivent être sur le terrain le jour du vote.
- Il faut mettre en place sa propre centralisation des résultats issus des urnes
De tous les points énumérés, la mise en place de sa propre centralisation des résultats issus des urnes est l’un des plus importants, sinon le plus important. L’UFDG doit tout mettre en œuvre pour sécuriser les PV et faire sa propre centralisation le jour du vote. L’implication de la presse dans cette phase fatidique du processus est vivement souhaitée. D’ailleurs, faut-il le rappeler que l’UFDG depuis 2010, n’a jamais perdu une élection quelconque dans les urnes.
Certes, Alpha Condé va dans cette élection avec tous les atouts liés au système frauduleux. Personne ne peut nier cela. Néanmoins, faire croire aux électeurs de l’UFDG que cette élection est déjà perdue d’avance ; c’est aider à la réélection d’Alpha Condé. Aujourd’hui, le plus important est de mettre fin à ce régime illégal, impopulaire, et corrompu. La victoire de l’UFDG à cette élection est bien tangible. Alpha Condé n’a aucune chance de gagner cette élection dès le premier tour. Le coup KO est pratiquement impossible quel que soit le degré de fraude.
A bon entendeur salut. D’ici-là, merci de contribuer au débat.
Elhadj Aziz Bah, USA