En dépit de ses frasques – il avait traité les pays africains de pays de merde-, de ses décisions unilatérales (menaçant le Rwanda de le retirer de l’AGOA si celui-ci interdisait les friperies américaines), de ses bouderies théâtrales (comme lorsqu’il a refusé de recevoir le président congolais, Denis Sassou Nguesso), de ses diatribes contre Nelson Mandela, Donald Trump dispose bien d’une “vision” pour l’Afrique. Mais ne nous y trompons pas, l’initiative “Prosper Africa” n’a rien d’une philanthropie.
Le principal objectif de ladite initiative est d’aider les entreprises américaines “qui souhaitent faire des affaires en Afrique”. Pas question surtout de l’aide publique au développement (APD), assistance que le locataire de la Maison Blanche voulait réduire, se heurtant au refus du Congrès. C’est dans le cadre de la vision américaine du développement que l’International Development Finance Corporation (DFC) a été mis en place pour prendre le relais de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), lequel, jusque-là, fournissait des garanties aux projets d’investissements américains. Cette mue s’accompagne du relèvement de la capacité de l’institution, passée de 29 milliards de dollars à 60 milliards de dollars dont la majorité est consacrée à l’Afrique.
La politique africaine de Donald Trump était articulée jusque-là à travers Tibor Nagy, secrétaire d’État adjoint pour l’Afrique depuis juillet 2018, remplacé il y a quelques semaines par John Barsa et Mark Green (ancien ambassadeur en Tanzanie), administrateur de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) depuis août 2017.
De leur côté, les pays africains auraient sans doute voté Joe Biden, candidat démocrate aux présidentielles américaines du mois de novembre prochain, en tête des sondages, tout en ne nourrissant peu d’illusions sur l’approche américaine de l’Afrique. Peut-être s’il est réélu, Donald Trump qui avait ignoré royalement une invitation des pays africains à venir assister au sommet de l’Union Africaine, changera-t-il de fusil d’épaule.