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« Pourquoi vous faut-il encore un mandat là où deux précédents n’ont pas fleuri? », Tamba Zacharie Millimouno au Prof Alpha Conde

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Monsieur le Président,

Pourquoi vous faut-il encore un mandat là où deux précédents n’ont pas fleuri ? Pourquoi faut-il qu’aucun de nous ne soit assez bon pour tenir le gouvernail après vous ? Pourquoi faut-il que vous alliez puiser dans les méandres de nos sensibilités ethniques pour charcuter et dépecer une nation que nous vous avons généreusement confiée ? Pourquoi…

Pourquoi faut-il que nos frères soient traqués, déshumanisés, bestialisés, chosifiés, réifiés ? Pourquoi faut-il aigrir la soupe à ceux qui vous ont offert gîte et couvert ? Pourquoi faut-il que vous leur serviez le deuil à la place du kola ? Pourquoi faut-il que vous leur tendiez la note pour des soins qu’ils vous ont prodigués par un naïf amour ? Pourquoi…

Pourquoi faut-il qu’ils se couchent à dix ans quand vous continuez, vous, à quatre-vingt-dix ans encore, à nourrir vos rêves des dix ans ? Pourquoi faut-il que leurs vies servent de marchepieds à cette folle furie ? Pourquoi faut-il que du sang d’innocents enrougisse les marches sombres et périlleuses de ce sinistre dessein ? Pourquoi…

Monsieur le Président,

Pourquoi a-t-il fallu qu’elle aussi soit fauchée, elle, telle, avec sa miche de pain comme arme et ses pièces de monnaie comme seules munitions ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il soit nécessaire de l’arracher à la mamelle, lui, ce garçonnet vieux de trois ans, qui découvrait goulûment la vie que Dieu lui avait confiée ? Pourquoi…

Ce combat de coqs vainqueur-vaincu n’est guère ma tasse de thé. Comme à votre habitude, vous finirez par vous dégoter un compromis acceptable à dérouler sur le sang de la naïve générosité de nos martyrs. Votre adorable petit frère saura s’en contenter de sa louable et légendaire docilité. Mais bref.

Monsieur le Président,

Je vous prie d’arrêter votre char. Je vous prie de reboucher vos canons. Je vous prie de rengainer votre hardiesse. Les fils et filles de Guinée ne sont pas une menace. Non. La menace, la vraie, c’est ce fumeux projet de troisième mandat qui dénie à tout un peuple sa capacité et son droit à puiser dans ses ressources propres les éléments même de sa destinée.

Certes, dans les palais du roi, la vérité n’est pas la plus commune des denrées. Mais à l’arrivée, au soir de toutes ces vaines vacuités, vous devrez répondre à la plus grande des questions de l’histoire : pourquoi ?

Travaillez à y répondre dès aujourd’hui.

Un fils perdu.
Tamba Zacharie Millimouno
Journaliste