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Les mots et les maux de l’opposant : « je tiens à récupérer ma victoire », Habib Yimbéring

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Par Habib Yembering Diallo: «…l’adversaire a pris les devants en décapitant mon parti par l’arrestation de mes principaux lieutenants. L’objectif est de nous faire avaler les couleuvres et d’émousser notre revendication pour récupérer la victoire. Il se trompe lourdement. Nous continuerons la lutte jusqu’à la récupération effective de notre victoire. Cependant, et comme tu me connais, je n’utiliserai que les moyens légaux pour parvenir à mes fins. Pour rien au monde je ne renoncerai à mon idéal : celui de la paix et de la fraternité entre tous mes compatriotes ».
Cher ami,
Dans un Etat policier comme le mien, il est superflu de dire qu’un opposant comme moi est sous écoute téléphonique. Raison pour laquelle je n’hésiterai pas un seul instant à convoquer une conférence de presse pour dire tout ce que je peux dire au téléphone. Parce que mes conversations téléphoniques sont un secret de polichinelle. Du moins pour ceux qui m’ont mis sous écoute.
Voilà pourquoi, et une fois n’est pas coutume, j’ai choisi la traditionnelle et légendaire correspondance pour me confier à toi. Sachant que j’ai pris toutes les précautions pour que ma lettre ne suscite aucun soupçon à son départ. À toi de gérer à l’arrivée. C’est-à-dire à garder le contenu strictement secret entre nous deux.
Alors, je sais que tu as dû suivre tout ce qui s’est passé par les médias. Encore que, le silence de certains d’entre eux sur la situation dans mon pays est plus que troublant. Tout d’abord cette fois j’avais mis en place un dispositif d’une rare performance me permettant de connaître les résultats du vote en temps réel. C’est sur la base de ce dispositif que j’ai proclamé les résultats moins de 24h après la fermeture des bureaux de vote. Mais aussi pour montrer à mon adversaire, qui avait ironisé pendant la campagne électorale qu’un candidat va proclamer les résultats et se réfugier dans une ambassade, que je n’ai pas peur de lui.
Les résultats que j’ai proclamés n’étaient donc pas montés de toutes pièces. Ils étaient bel et bien ceux qui sont sortis des urnes. Même si, curieusement, personne n’a cherché à savoir d’où et comment je les ai obtenus. C’est que je déplore bien évidemment. Dans pareil cas, et sous d’autres cieux, la moindre chose à faire était de demander voire d’exiger un recomptage des votes. Malheureusement, la fameuse communauté internationale a préféré cautionner le coup d’Etat.
Justement, parlant du silence coupable de cette communauté internationale sur la situation dans mon pays, j’ai essayé de me mettre dans la peau d’un simple observateur pour analyser ce silence coupable. Voici l’hypothèse à laquelle je suis parvenu.
Premièrement, l’Union africaine a dû se fier à la CEDEAO. Estimant que c’est si cette dernière ne parvient pas à maitriser la situation qu’il faille intervenir. Or la plupart des pays membres de l’organisation sous régionale ont d’autres grains à moudre en ce moment. Voici la situation de six pays avec lesquels le mien a une frontière commune
Le Mali est empêtré dans une transition devenue une patate chaude entre les mains de ceux qui l’ont enclenchée. La Côte d’Ivoire est dans une situation exactement similaire à la nôtre. Et les deux candidats au troisième mandat ont, ne serait-ce que pour la circonstance, signé un mariage de raison. Le Libéria et la Sierra Leone, qui reviennent de loin, se disent de quoi ils vont se mêler. D’autant que la seconde a été ouvertement accusée par mon adversaire de velléité de déstabilisation. Il restait la Guinée Bissau et le Sénégal. J’ai personnellement dissuadé la première d’intervenir pour éviter d’apporter de l’eau au moulin à mon adversaire, devenu paranoïaque, qui voit donc le complot partout. Quant au Sénégal, le président de ce pays a sans doute préféré garder profil bas pour ne pas donner une dimension sous régionale à la crise de mon pays. Je te parie que si ce pays s’impliquait activement dans cette crise, mon concurrent, qui fait recours à des méthodes peu orthodoxes, aurait crié au complot ethnique.
Et le géant nigérian, me diras-tu ? Malheureusement, la cirse dans mon pays a coïncidé avec une autre dans ce pays. Au moment où mon homonyme devait intervenir, –je te rappelle que nous sommes tous deux Mamadou-, les manifestants réclamaient sa tête. Et bien évidemment il fallait sauver la sienne avant la mienne.
Quant à la France, dont la réaction est toujours attendue par toutes les parties dans pareil cas, elle a d’autres chats à fouetter. Tout d’abord la pandémie qui connait une résurgence exponentielle, avec un nombre de victimes record. Or, et comme nous avons vu ce qui vient de se passer aux Etats-Unis, cette pandémie peut changer le destin d’un homme politique. Je crois que le chef de l’Etat français craint fort que le cas américain ne fasse tache d’huile dans son pays. L’autreraison de la passivité de la France à mon avis est la polémiquecréée par son président suite aux caricatures dot je ne veux même pas parler. Il est en train de recoller les morceaux suite à ces dérives.
Or, sur les questions d’Afrique francophone la France est au reste du monde ce que la CEDEAO est à l’Union africaine. Les autres se rallient le plus souvent derrière la position de ce pays. Voilà l’analyse objective que j’ai faite. Sans pour autant être d’accord avec ces pays et autres institutions qui ont croisé le bras. Mais, j’ai eu l’impression que mon adversaire a planifié son calendrier électoral en rapport avec celui des Etats-Unis. Et surtout en faisant coïncider ses résultats définitifs fabriqués au scrutin dans ce pays qui devait polarisertoutes les attentions du monde.
Bref, au regard de tout ce que je viens de te dire, l’heure n’est plus à une simple analyse. Elle est à la planification de nouvelles stratégies de résistance et de récupération de la victoire volée. Pour se faire, il est inutile de dire que j’aibesoin de toi. Sachant que la meilleure façon de se défendre est d’attaquer, l’adversaire a pris les devants en décapitant mon parti par l’arrestation de mes principaux lieutenants. L’objectif est de nous faire avaler les couleuvres et d’émousser notre revendication pour récupérer la victoire. Il se trompe lourdement.
Nous continuerons la lutte jusqu’à la récupération effective de notre victoire. Cependant, et comme tu me connais, je n’utiliserai que les moyens légaux pour parvenir à mes fins. Pour rien au monde je ne renoncerai à mon idéal : celui de la paix et de la fraternité entre tous mes compatriotes.
Dans la foulée, tu as dû entendre parler d’autres opposants qui préconisent une transition. Ceux-là estiment que je les ai trahis en me présentant à l’élection présidentielle. Ce qu’ils ne me pardonnent pas. Pour eux le président et l’opposant c’est comme entre la peste et le choléra. Certains d’entre eux font partie de ce que les médias d’ici qualifient de nouveau concept de l’opposions à l’opposition. D’où leur refus d’appeler leurs militants et sympathisants à voter pour moi. Et curieusementaujourd’hui ils comptent sur moi pour les aider dans leur objectif de transition.
Voilà ce que je puis te dire pour le moment. J’attends impatiemment ta réponse avec les commentaires et surtout les propositions concrètes. En attendant sache que je suis dansl’œil du cyclone. Si tu apprends que j’ai rejoint mes lieutenants dans ce que ce pays a connu de plus tristementcélèbre, tu continueras à te battre pour ma liberté.
Ton ami, le nouvel opposant historique, Habib Yembering Diallo
Téléphone : 664 27 27 47
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