Le président Alpha Condé a été investi ce mardi 15 décembre dans ses fonctions de président de la République. Il entame ainsi un troisième mandat controversé. La cérémonie d’investiture a connu la présence de plusieurs Chefs d’Etat africains dont le Tchadien Idriss Déby Itno.
Le président Alpha Condé, l’opposant historique, a été installé dans ses fonctions de chef de l’Etat. Le président a juré de respecter et de faire respecter les lois de la République. Il faut rappeler que c’est la troisième fois qu’il prête serment.
Cette nouvelle République a été arrachée au prix du sang. Plusieurs personnes ont été tuées pendant les manifestations de rue contre la modification de la Constitution qui devrait permettre au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.
De la démocratie à la dictature
« Je suis un démocrate, je ne suis pas un dictateur », avait laissé entendre Alpha Condé lors de son interview qu’il a accordée à RFI et à France 24 à quelques jours de la présidentielle du 18 octobre dernier.
Dans la même interview, il ajoute : « Je me suis battu pendant 45 ans. Mes adversaires sont des fonctionnaires qui sont devenus Premiers ministres après avoir mis le pays à terre. […] C’est extraordinaire que moi, qui me suis battu durant 45 ans, je sois considéré comme un dictateur antidémocrate ! »
En Guinée comme dans d’autres pays d’Afrique, les institutions existent que de noms, où la séparation des pouvoirs (exécutif, judiciaire et législatif) n’existe que sur papier. La réalité est tout autre sur le terrain. Les différents pouvoirs sont concentrés dans les mains d’une seule personne, le président de la République.
Alpha Condé, dès sa prise de pouvoir, a imposé sa marque de fabrique « Diviser pour régner ». Les Guinéens n’ont jamais été autant divisés que sous son règne. Son « Tous contre un » a fait son effet. Le président Alpha Condé s’est mis à dos la communauté peulh. Elle est persécutée, intimidée, frappée, violentée, tuée.
Depuis sa prise du pouvoir, plusieurs jeunes issus de la communauté peulh ont été tués par les forces de sécurité dans l’impunité totale. Les agents sont d’ailleurs encouragés. Après la crise électorale qui a fait une quarantaine de morts, on a vu Alpha Condé déambulé dans les allées d’un hôpital pour, dit-on, apporter sa compassion aux forces de sécurité sans même faire allusion aux nombreux jeunes manifestants eux aussi blessés pendant les manifestations.
Cet autre mandat n’augure pas d’espoir. La dictature est bien en marche en Guinée. Les opposants sont persécutés. Ils sont arrêtés et conduits à la maison d’arrêt de Conakry sans aucune preuve valable. En ce moment même, plusieurs cadres du principal parti de l’opposition l’UFDG et allié sont poursuis et jetés en prison. Des activistes de la société civile, des blogueurs, de simples commentateurs sur les réseaux sociaux, les commerçants payent aussi les frais.
De quelle démocratie parle Alpha Condé lorsqu’il n’y a pas de voix dissonantes, où Internet est scruté, où les opposants sont persécutés, …
Drôle cette démocratie version Alpha Condé !!!
M. Sarifou Barry
