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D’un «drôle de virus» à une pandémie mondiale : il y a un an, le monde découvrait le Covid-19

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Dès décembre 2019, des médecins chinois alertaient sur la potentielle gravité d’un nouveau virus. Depuis, plus d’un million et demi de personnes en sont mortes dans le monde, dont 60.000 en France.

En quelques semaines, le virus s’est répandu dans le monde entier. JORGE BERNAL / AFP
Qui aurait cru il y a un an que le monde entier se serait confiné une première fois mettant à mal toutes les économies, même celles qui paraissaient les plus solides ? Des systèmes à genoux à cause d’une molécule alors inconnue, apparue sur un «sombre marché» chinois. En un an, les mots «Covid-19», «situation sanitaire», «confinement», «gestes barrières», «distanciation sociale» ou «cas contact» sont entrés dans notre quotidien. Des mots pour décrire une situation inédite qui a commencé autour du 8 décembre 2019.

Fin décembre : apparition «d’une pneumonie inconnue»
Alors que la France est préoccupée par la réforme des retraites et les grèves de la SNCF, à des milliers de kilomètres de là, dans un marché alimentaire de Wuhan à l’est de la Chine, se développe un nouveau virus contagieux. Entre le 8 et le 30 décembre, plusieurs médecins chinois dont Li Wenliang, qui décédera du Covid quelques mois plus tard, alertent sur les réseaux sociaux de la potentielle gravité de ce nouveau virus. Il faudra attendre le 31 décembre pour que le bureau régional chinois de l’OMS informe la structure mondiale sur plusieurs cas de pneumopathie. «Le 31 décembre 2019, le Bureau de l’OMS en Chine a été informé de cas de pneumonie d’étiologie (de cause) inconnue, détectés dans la ville de Wuhan, dans la province du Hubei, en Chine.», rapportait l’OMS dans son premier bulletin officiel du 5 janvier. Cinq jours plus tôt, le marché de fruits de mer et animaux fermait ses portes pour «pour assainissement environnemental et désinfection». L’OMS fait état, au 3 janvier, de 44 patients atteints dont 11 patients gravement malades.

Le 1er janvier 2020, le marché de Wuhan ferme ses portes pour des raisons sanitaires Noel Celis / AFP
Toutefois, il faut attendre le 5 janvier pour voir apparaître dans la presse française les premiers articles concernant cette «étrange épidémie chinoise».

Janvier : apparition du mot «coronavirus»
«Les autorités chinoises ont fait état dimanche de 59 personnes souffrant d’une mystérieuse pneumonie d’origine inconnue, démentant toutefois qu’il s’agisse du SRAS, une maladie virale responsable de centaines de morts en 2003. L’enquête des autorités sanitaires a permis de déterminer que plusieurs patients sont des vendeurs d’un marché de Wuhan spécialisé dans la vente en gros de fruits de mer et de poissons.», écrivions-nous sur notre site. Six jours plus tard, dans son édition papier, notre journal titre : «Un nouveau virus identifié en Chine après une épidémie». Notre journaliste Cécile Thibert emploie le mot «coronavirus», une découverte pour beaucoup.

Le premier papier publié dans Le Figaro le 11 janvier 2020 dans la rubrique Sciences. Une brève avait précédé quelques jours plus tôt. Le Figaro
Ce même jour, le premier mort après avoir contracté le virus est recensé par les autorités chinoises.

Le Figaro rapporte via une information transmise par l’AFP le premier décès dû au Covid-19 Le Figaro
Deux jours plus tard, le premier cas hors de Chine est décelé en Thaïlande.

Le Figaro rapporte le premier cas en dehors du territoire chinois le 13 janvier 2020 Le Figaro
Mais la population française n’y croyait pas encore. Le virus paraissait encore inoffensif. L’ancienne ministre de la Santé, Agnès Buzyn, déclarait toutefois lors d’un point presse le 21 janvier que le risque de transmission est «faible mais ne peut pas être exclu». Elle estimait que «notre système de santé [était] bien préparé, les établissements de santé ont été informés et des recommandations de prise en charge ont été délivrées». Ce n’est que trois jours plus tard que la France recense ses trois premiers cas sur son sol national, des voyageurs venus de Wuhan, hospitalisés à Paris et à Bordeaux. La tension autour du virus se diffuse alors petit à petit en France. Le 27 janvier, Le Figaro en fait sa une :

Le Figaro fait du coronavirus sa une et son événement le 27 janvier 2020. Le Figaro

Le Figaro fait du coronavirus sa une et son événement le 27 janvier 2020. À Wuhan, des hôpitaux ont été construits en urgence (photo dans l’article). Le Figaro

Fin janvier 2020, le virus était encore appelé 2019-nCoV. Le Figaro
À LIRE AUSSI :2019-nCoV: tout ce que l’on sait sur le nouveau virus chinois

Le 30 janvier, l’OMS déclare l’urgence internationale. «Cette déclaration n’est pas due à ce qui se passe en Chine, mais à ce qui se passe dans les autres pays. Notre plus grande préoccupation est la possibilité que le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont plus faibles», précise le directeur-général, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

En un mois, «le mystérieux virus chinois», selon les mots de la presse française, alors inconnu des scientifiques et épidémiologistes du monde entier, a fait son entrée et est devenu un sujet essentiel de l’actualité.

Février : du premier mort français à la pandémie mondiale
Début février, 1400 médecins et infirmières militaires sont envoyés à Wuhan dans le nouvel hôpital bâti en urgence en 8 jours. L’armée doit «prendre sa part» dans le combat contre le «démon» de l’épidémie, a ordonné le dirigeant, Xi Jinping.

En dix jours, un hôpital pouvant accueillir 1000 malades du Covid-19 est construit à Wuhan. HECTOR RETAMAL / AFP
Après que les 200 expatriés français ont été rapatriés de Wuhan et mis en quarantaine à Carry-le-Rouet, le 14 février, la France enregistre son premier mort du coronavirus. Il s’agit d’un touriste chinois de 80 ans qui était hospitalisé à Paris depuis le 23 janvier. Dans le monde entier, les choses s’accélèrent. L’Italie déplore aussi le 21 février la première victime du Covid-19. Le 24 février, le directeur général de l’OMS, évoque une «éventuelle pandémie», en jugeant «très préoccupante […] l’augmentation soudaine» de nouveaux cas. Le monde recense déjà 79.517 personnes contaminées et 2626 morts.

Fin février, Olivier Véran, nouvellement ministre de la Santé après la démission d’Agnès Buzyn, déclare qu’une «nouvelle étape de l’épidémie a été franchie […] le virus circule sur notre territoire et nous devons freiner sa diffusion». Il est désormais impossible pour les Français d’ignorer l’existence du virus. Le lendemain, à l’issue d’un conseil des ministres extraordinaire, le gouvernement interdit tous les «rassemblements collectifs» dans l’Oise, un des principaux foyers de contamination en France. Les rassemblements de plus de 5000 personnes «en milieu confiné» sont aussi interdits dans tout le pays. Sur TF1, Édouard Philippe, premier ministre, déclare : «Notre système sanitaire est solide et nous avons toutes les armes pour faire face.»

À l’aube du mois de mars, la barre des 3000 morts a été franchie dans le monde. Il faut attendre le 11 mars pour que l’OMS déclare la situation sanitaire comme une pandémie mondiale. Le lendemain, Emmanuel Macron prenait la parole à 20h et décidait de confiner le pays pour 15 jours en fermant les écoles, les magasins et les services dits «non essentiels». Une mesure inédite et impensable il y a un an, au moment où le Covid-19 paraissait inoffensif et si lointain.
Lefigaro