Nul n’est prophète chez soi dit-on souvent. Une affirmation qui correspond parfaitement à la vie de feu Williams Sassine, célèbre écrivain de statut mondial, connu sur le tard chez lui en Guinée, son pays natal. Et comme Sassine, ils sont légion nos compatriotes très célèbres dans bien de domaines , mais peu ou prou connus chez nous. Les Guinéens de renom vivent aujourd’hui aux quatre coins du monde. Nous avons pourtant besoin de leur compétence et de leur expérience, pour aider le pays à s’affranchir du mal développement que nous vivons.
De retour d’un long exil, Sassine avait trouvé au Lynx un espace pour donner libre cours à son talent et à son inspiration. Avec sa plume alerte, il croquait l’actualité à sa façon. Au fait de sa célébrité en Guinée, la plume de Sassine s’est cassée le 9 février 1997, exactement cinq ans après la création de l’hebdomadaire satirique né le 7 février 1992.
Fils d’un libanais chrétien et d’une Africaine musulmane, longtemps professeur de mathématiques en exil, polémiste virulent dans la presse locale depuis son retour au pays natal, Williams Sassine est sans doute l’une des figures les plus originales des lettres africaines d’aujourd’hui.
Avec Elisabeth Degon, qui a publié un excellent ouvrage sur Sassine , nous allons revivre les derniers instants du défunt.
Citation: son épouse Abiba raconte: la veille de sa mort, il est sorti, a vu tous ses amis en ville. En revenant chez lui, il s’est arrêté chez un ami du quartier et a vu les informations télévisées annonçant la fin du Ramadan. A la maison, il n’y a pas de courant et pas d’information. Il rentre de sa tournée avec un poulet rôti pour rompre le jeûne. Tiens Biba, c’est pour toi et Yacine qui avez fait le carême. Les enfants sont au cinéma voisin, Nini, Zaraf et solo son jeune fils qu’il surnommait » le pingouin ». Dans la nuit, comme à son habitude, il se lève vers 3 heures du matin pour écrire et préparer sa chronique, sans ouvrir la fenêtre comme il faisait tous les jours. Il a juste le temps d’écrire une ligne, il tombe et ne se relève pas. C’est le petit matin de la fête de l’Aïd. Fin de citation Triste fin pour un homme qui méritait bien plus. A chacun de méditer sur le sort de cet illustre homme de lettres
Une anecdote à son sujet: pigiste au Lynx depuis l’année de son lancement en 1992, la veille de son décès, pour la première que le rencontrais, Sassine me trouve dans le couloir de la rédaction, et m’interpelle c’est toi que ne signe pas de ton nom? Tu as peur de la prison? signe tes articles de ton nom, c’est Souleymane qui ira en prison, mais toi, tu as compris. Je lui ai répondu par l’affirmative pour ne pas engager une inutile discussion.
Tho Saidou Diakite
