Ce sont les minorités agissantes qui ont changé le monde.
Je suis intimement convaincu que les jeunes de l’Axe de la démocratie vont changer la Guinée. Leur irruption sur la scène politique s’est révélée au monde lors de l’insurrection populaire de janvier-février 2007. Depuis, ils ne l’ont plus quittée. Cela fait 13 ans qu’ils se battent courageusement pour l’instauration de la démocratie et l’Etat de droit en Guinée. Aucune barbarie ne les fait reculer : un millier de morts au moins, des milliers de blessés, des arrestations en masse. Tout a été tenté sans succès pour casser leur dynamique de lutte citoyenne : corruption, vaste campagne de dénigrement, intimidations, tueries etc.
Cette petite minorité de jeunes gens a bouleversé l’ordre politique dans notre pays.
Que ceux qui disent que les manifestations ne peuvent pas porter un opposant au pouvoir se détrompent. Ce mouvement des jeunes de l’axe a déstabilisé le pouvoir du général Lansana Conté, puis celui de la junte du CNDD et permis l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé qui a su, quant à lui, s’appuyer sur lui depuis 2007 pour se frayer la route de la présidence. Sans l’axe, Alpha Condé serait aujourd’hui dans une maison de retraite en France.
Alpha Condé a donc profité de l’engagement citoyen des jeunes de l’axe de 2007 à sa prise du pouvoir en 2010. C’est parce qu’il a trahi ses engagements démocratiques, que l’Axe continu de le combattre.
Ne vous y trompez pas, les mutineries militaires, la rébellion armée, la tentative d’assassinat d’Enco 5 n’ont fait que renforcer le pouvoir du général Lansana Conté. Qu’est-ce qui l’a déstabilisé ? Les manifestations de janvier-février 2007.
Ce sont les choix politiques inconséquents de l’opposition qui font qu’Alpha Condé est encore au pouvoir. La stratégie des manifestations n’est nullement en cause. Alpha Condé en est bien conscient, c’est pourquoi, il déploie des moyens importants contre l’Axe, ce qu’il n’aurait pas fait si la menace n’était pas sérieuse ou fatale pour son régime.
En raison du flottement actuel, après son coup de force constitutionnel, le pouvoir pense que le moment est propice pour asséner le coup de grâce à la résistance de l’Axe. Certains combattants sincères écœurés par la tournure des événements et bien sûr d’autres opportunistes en service commandé, demandent à nos jeunes combattants de faire comme la majorité des Guinéens : baisser les bras.
On n’a même pas besoin de leur dire de ne pas se décourager, la lutte pour la démocratie est dans leur ADN, qu’ils se transmettent de grands frères à petits frères (de grandes sœurs à petites sœurs aussi) depuis 13 ans déjà. Ratoma n’est plus seul, il y a les jeunes de Labé qui sont entrés dans la danse depuis 2009. Ratoma et Labé sont restés les plus constants dans la lutte ces dix dernières années. D’autres villes suivront inéluctablement pour massifier
davantage le mouvement.
J’ai bien dit que le changement viendra de l’Axe, car contrairement aux idées reçues, un mouvement d’une telle ampleur ne peut-être le fait de jeunes loubards sans éducation. L’Axe est tenu par des jeunes élèves et étudiants conscients de leur responsabilité historique. Beaucoup parmi eux ont poursuivi leurs études dans les universités occidentales. Un grand lot parmi eux travaillent dans des entreprises, des administrations publiques et institutions internationales. Ce sont eux qui mènent l’offensive contre le pouvoir hors-la-loi d’Alpha Condé à l’international. Ils sont vigilants et maintiennent la pression sur le pouvoir dans les réseaux sociaux.
Voilà un vivier de jeunes démocrates incorruptibles, patriotes qui sont le fer de lance du changement démocratique dans notre pays. Ils représentent la rupture avec les pratiques anti-démocratiques qui cimentent l’Etat guinéen depuis l’indépendance. On a donc une alternative démocratique crédible capable de conduire à bon port le changement.
Je déborde de fierté pour ces jeunes gens.
Quant à nos vaillants martyrs, la République reconnaissante prendra des mesures spéciales pour honorer leur mémoire et prendre en charge leurs ayants droit. Leur sacrifice ne sera pas vain.
« Ceux qui luttent, sont ceux qui vivent ».
Alpha Saliou Wann
Président de l’AFD.