Une nouvelle étude (en anglais), publiée le 17 juin sur le site de la revue scientifique Cancer Discovery, a pu identifier les caractéristiques spécifiques des dommages causés sur l’ADN par un régime alimentaire très riche en viande rouge. Et elle incrimine effectivement cette dernière comme cancérigène.
La volaille et le poisson ne sont pas concernés
Marios Giannakis, oncologue au Dana-Farber Cancer Institute (Etats-Unis), et son équipe, ont séquencé l’ADN de 900 patients atteints d’un cancer colorectal, sélectionnés parmi un groupe de 280 000 personnes participant à des études sur plusieurs années, incluant des questions sur leur mode de vie. Les participants ne pouvaient donc pas savoir qu’ils allaient développer ce cancer, contrairement à un interrogatoire sur des habitudes alimentaires conduit une fois la maladie déclenchée.
Les analyses ont révélé une mutation de l’ADN spécifique, n’ayant jamais été identifiée auparavant, appelée alkylation. Toutes les cellules contenant cette mutation ne deviendront pas forcément cancéreuses, et elle était également présente dans des échantillons sains. Mais cette mutation était associée de façon significative à la consommation de viande rouge (à la fois transformée et non transformée) avant le déclenchement de la maladie. En revanche, elle ne l’était pas à la consommation de volaille, de poisson, ou d’autres facteurs examinés.
« Avec la viande rouge, il y a des composés chimiques qui peuvent causer une alkylation », explique Marios Giannakis. Il s’agit de composés pouvant être produits à partir de fer, très présent dans la viande rouge, ou de nitrates, que l’on trouve souvent dans la viande transformée.
Manger équilibré pour prévenir les risques
Cette mutation était par ailleurs très présente dans le colon distal, qui est une partie du colon dont de précédentes études ont suggéré qu’elle était fortement liée au cancer colorectal résultant de la consommation de viande rouge. De plus, parmi les gènes les plus affectés par l’alkylation, se trouvent ceux qui selon de précédents travaux ont montré être les plus susceptibles de déclencher un cancer colorectal lorsqu’ils mutent.
Les patients dont les tumeurs présentaient le plus haut niveau d’alkylation avaient 47% de risque en plus d’en mourir. De hauts niveaux d’alkylation n’ont été constatés que dans les tumeurs de patients mangeant en moyenne plus de 150 grammes de viande rouge par jour. Il ne s’agit donc pas de totalement arrêter de manger de la viande rouge : « Je recommande la modération, et un régime alimentaire équilibré », affirme.
Afp