Durant le confinement, certaines femmes ne se sont jamais senties aussi libres qu’en enlevant leur soutien-gorge. Selon un sondage Ifop réalisé en juillet 2020, 18% des jeunes filles interrogées de moins de 25 ans sont adeptes du no-bra (l’absence de soutien-gorge), un chiffre quatre fois supérieur à celui évalué avant le confinement. Si d’autres n’ont pas attendu mars 2020 pour s’affranchir de la lingerie, celles convaincues du confort offert par une poitrine libre de ses mouvements, peuvent s’interroger. Puisque dans «soutien-gorge», il y a «soutien», s’expose-t-on dès lors à des douleurs de dos quand on arrête d’en porter ? Quid d’une poitrine volumineuse ? Les seins finiront-ils inévitablement par viser le sol ?
Il semblerait en effet que les fortes poitrines soient un brin désavantagées. Rappelons que les seins sont constitués de graisses et d’une glande, et que le tout pèse. «Des poitrines très lourdes et celles avec des prothèses mammaires amènent à se voûter, les épaules en avant, ce qui tirera davantage et entraînera des tensions», souligne Bernadette de Gasquet, médecin et professeure de yoga (1). Contraintes de se redresser davantage et de faire travailler leur dos, ces femmes peuvent donc voir effectivement leur journée se compliquer.
De là à dire que le non-port du soutien-gorge entraînera fatalement des douleurs, l’ergonome et posturologue Olivier Girard (2) n’en est pas certain. Simplement parce que lesdites douleurs sont multifactorielles, «liées à tout ce que l’on fait avec son dos, aux postures que l’on adopte, à l’hygiène musculaire… Si on a l’habitude de se tenir mal, ce sera le cas avec ou sans soutien-gorge», rappelle le professionnel.
Des douleurs seront ressenties si le sein est plus lourd que ce que peuvent supporter les muscles du dos, notamment les trapèzes inférieurs. Répartir le poids d’une forte poitrine de l’avant vers le dos, voici d’ailleurs le rôle du soutien-gorge. «Mais si en parallèle, les trapèzes sont assez renforcés, on peut ne pas en porter sans souffrir», estime Olivier Girard.
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Si l’on décide d’abandonner le haut de lingerie, le professionnel recommande donc d’entretenir en parallèle la bonne santé de ses trapèzes avec quelques exercices. Si des douleurs surviennent, le port du soutien-gorge les soulagera, mais il n’exemptera pas de se muscler pour autant.
Gravité, qualité de peau et volume
Quid, à terme, du maintien de la poitrine sans soutien-gorge ? C’est un fait, «la gravité s’exerce, et plus les seins sont lourds, plus ils tireront», souligne la médecin Bernadette de Gasquet.
Le soutien-gorge aide logiquement à tenir ce poids, mais le volume des seins ne fait pas tout. De multiples paramètres entrent en jeu, à commencer par la qualité de la peau, qui maintient la poitrine, ou encore l’âge. «L’hydratation cutanée est importante, précise Yaël Berdah, chirurgienne plasticienne. Des tissus jeunes seront aussi plus toniques, quand une peau plus avancée va s’affiner et pourra être moins résistante au non-port du soutien-gorge.» Enfin, le patrimoine génétique, la grossesse (ou tout autre événement qui fait prendre du volume à la poitrine), ou encore le fait d’avoir allaité ou non, jouent également leur rôle.
Enfin, pour se prémunir de l’effet de la gravité, du temps, et pour remonter quelque peu les seins, certaines recourent à des exercices de renforcement musculaire pour tonifier les pectoraux. Inefficace, selon la chirurgienne plasticienne Yaël Berdah. La raison est simple : «Ils n’ont aucun rôle de tenue de la poitrine, rappelle la médecin. Les seins et le muscle pectoral sont deux entités différentes, ils n’ont pas la même structure anatomique.»
* Initialement publié en juillet 2020, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
(1) Bernadette de Gasquet est notamment l’auteure de Pour en finir avec le mal de dos, Éd. Albin Michel, 22 euros
(2) Olivier Girard est l’auteur de Plein le dos ! Le manuel de la posture, publié aux éditions Favre, 199 pages, 23 €.
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