Le premier cas est bien évidement celui du ministre de l’Education nationale. M. Bano Barry, qui a eu un courage voire une témérité suicidaire de mettre fin à une véritable mafia qui régnait dans les universités privées, fait l’objet de vives critiques ces derniers temps. L’organisation du bac 2021 est un véritable test pour lui. C’est comme si la réussite de cette évaluation est intimement lié à son sort.
Alors que l’homme a juré la main sur palpitant qu’il y aura tolérance zéro contre la fraude, celle-ci semble déjà être largement répandue dans l’organisation de l’examen. Et les détracteurs du ministre ne laissent passer aucune faille. Tout dysfonctionnement est mis à son actif. On a l’impression que Bano Barry doit même être derrière chaque élève pour savoir ce qu’il fait.
Devant cette situation peu enviable à laquelle cet intellectuel, entré en politique par accident, est confronté, ses adversaires se frottent les mains. D’abord, et comme souligné plus haut, il y a tous ceux dont les vivres ont été coupées. Il y a ensuite ceux qui ne lui ont jamais pardonné sa « collaboration » avec le régime à un moment où celui-ci a instauré un pouvoir à vie. Il y a enfin, les autres Guinéens allergiques à la réforme et à la rigueur. Le Bano d’aujourd’hui doit sans doute envier le Bano qui faisait l’unanimité autrefois.
Le deuxième cas concerne, lui aussi, le secteur de l’éducation. Plus précisément à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia où le recteur a été limogé. Comme Dr Bano Barry aujourd’hui, M. Koré Bah était devenu la bête noire de ses collaborateurs. Plusieurs tentatives visant à l’impliquer dans des scandales financiers ont échoué. Ses détracteurs n’ont pas désarmé. Finalement, cet autre baobab de l’enseignement supérieur guinéen a fini par s’écouler.
Vaincu par un réseau bien constitué qui l’a accusé de tous les péchés d’Israël. Pour les militants, qui ont fait le martyr durant la traversée du désert que le RPG a connu, il est hors de question que quelqu’un d’autre récolte les fruits de l’arbre qu’ils ont planté. Le chef de l’Etat tente, de temps en temps, de trouver un oiseau rare dans l’opposition ou parmi les intellectuels qui adoptent la neutralité. Mais il est confronté à une vive résistance de ceux qui estiment que lui-même leur reste devoir.
Le troisième cas qui a secoué le cocotier est celui de la présidente du tribunal de première instance de Dixinn. Laquelle a été suspendue pour faute lourde par le ministre de la justice, garde des sceaux. Si les deux premiers cas sont similaires, en revanche le troisième est différent. Là il ne s’agirait pas d’une lutte de clan et de succession. C’est plutôt entre une fonctionnaire qui ne fait plus l’affaire de sa hiérarchie et celle-ci.
Un détail important : la présidente suspendue fait partie de la fameuse liste noire dressée par le FNDC qui désignait les magistrats promoteurs du troisième mandat. Les opposants à ce troisième mandant ont été particulièrement éprouvés par les personnes qu’ils ont désignées sur cette liste. C’est autant dire qu’ils se frottent les mains en disant que c’est bien fait pour la dame.
En tout état de cause, ces trois cas constituent une illustration : Quelle que soit la fonction que l’on occupe dans l’administration, on devra un jour voir à sa place son successeur. C’est autant dire qu’il faudrait mettre en avant la trilogie : éthique, déontologie et impartialité. Après avoir usé et abusé de ses fonctionnaires, l’administration publique les jette dans la poubelle. Et le plus souvent ils font la risée populaire à cause de l’excès de zèle dont ils ont fait preuve durant leur carrière.
Habib Yembering Diallo pour Guineematin.com