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L’origine égyptienne des peuls: la thèse de cheikh Anta Diop

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L’origine égyptienne des peuls: la thèse de cheikh Anta Diop

L’ origine du peuple Peul a soulevé de nombreuses controverses et bien des chercheurs de la période coloniale ont voulu faire croire à une origine non Africaine de ce peuple. Ainsi, pour eux, les Peuls ne pouvaient être à l’origine que des blancs, Sémites venus civiliser l’Afrique.

Il existe des thèses aussi fantaisistes, que celles de:
Lelièvre: pour qui les Peuls étaient des descendants des Gaulois.
Le capitaine Figeac: pour qui les Peuls étaient des Pélasges.
M. Delafosse: pour lui, les Peuls étaient des judéo Syriens (il ne fut pas le premier à penser ainsi, on peut aussi citer: Winterbottom, Matthews, Grimal de Guiraudon..), thèse qui sera considérée comme un roman par Tauxier dans son livre «Moeurs et histoire des Peuls».
Pour Cheikh Anta Diop, l’origine égyptienne des Peuls ne fait aucun doute. De par leurs noms totémiques Ka et Ba et leur matriarcat, les Peuls montrent leur rattachement à l’Égypte. De très nombreux Pharaons seraient issus de ce peuple né d’un métissage avec les étrangers du Delta et des contacts officiels des XVIIIe et XIXe dynasties avec l’étranger (blancs, sémites). Ainsi selon lui: «le grand père de Ramsès II, Ramsès Ier, n’était qu’un officier de char descendant d’affranchis étrangers du Delta (‘) copté par Horemheb pour lui succéder sur le trône d’Égypte. Séthi Ier, son fils, dut épouser une princesse de sang royal pour légitimer son pouvoir; et pour se faire accepter du peuple, associa très tôt au pouvoir Ramsès II qui incarnait la légitimité par sa mère. Sethi Ier et Ramsès II représentent officiellement ce type peul».
Le nomadisme sporadique des peuls ne constitue qu’un phénomène relativement récent, remontant au démembrement de l’Ancien Empire égyptien et la dislocation de son aristocratie par Cambyse.
Pour en revenir au matriarcat Peul, il était avant l’islamisation de ce peuple, à la base du système social, la femme étant au centre de toute filiation (don, maladie, etc). Comme pour les égyptiens anciens, on n’hérite pas de son père, mais de son oncle maternel. Si pendant longtemps, beaucoup de chercheurs perçurent ce matriarcat comme une anomalie, nous trouvons auprès des travaux menés par Cheikh Anta Diop et par l’ethnologue Marguerite Dupire, les raisons à travers des liens qu’ils tissent entre les Peuls et les égyptiens anciens.
« Dans la mesure où les peuls sont d’origine égyptienne, ils ont été des Africains sédentaires, agriculteurs et pratiquant le matriarcat. A la suite de la dislocation de la société égyptienne ancienne (disparition de la souveraineté), ils ont dû émigrer assez tardivement avec leurs troupeaux de boeufs. Par la force des circonstances, ils seraient ainsi passés de la vie sédentaire à la vie nomade. Mais on comprend alors que le matriarcat de la première époque continue à régler les rapports sociaux, d’autant plus qu’il est sans doute abusif de parler d’un nomadisme absolu du Peul. En réalité, il est semi-nomade. » (Cf: Cheikh Anta Diop: L’Unité Culturelle de L’Afrique Noire.)
De nos jours, malgré une forte présence de l’islam chez les Peuls, on retrouve encore cette affiliation utérine qui confirme l’appartenance Africaine noire de ce peuple.

Nous pouvons donc dire que les Peuls seraient des Nègres qui se sont métissés avec des éléments blancs venus de l’étranger, au sein d’une population Égyptienne noire, qu’il existe aussi un lien linguistique entre l’Égyptien ancien et le Pulaar: la revue Ankh N°12/ 13 nous dit: la terminologie du pouvoir de l’Égypte pharaonique se retrouve dans les titres et noms Peuls: Fari, Labba, Gata. La terminologie agraire de l’Égypte (datt=État, rmnyt=Exploitation agricole) conserve la même signification en pulaar contemporain. Les deux signes hiéroglyphiques y et X qui composent d3tt achèvent de prouver que l’état Égyptien était agraire et urbanisé. Les instruments agricoles utilisés par les Peuls (houe, grande et petite hache, fourche) ont également une origine égyptienne. On pourrait en dire autant des outils de pêche, de chasse, des bâtons pastoraux, etc. ; l’habillement n’est pas en reste: les pagnes et les coiffures dans leur diversité se retrouvent chez les Peuls d’avant islamisation».
Il existe aussi des récits et des contes comme celui de Njeddo Dewall où il nous décrivait le fameux pays de Heli et Yoyo avant leur dispersion à travers le continent Africain: « ils (les Peuls) auraient vécu heureux, comblés de toutes les richesses et protégés de tout mal, même de la mort. Par la suite, leur mauvaise conduite et leur ingratitude auraient provoqué le courroux divin(…) ».
Quelques proverbes et maximes Peuls:
Ko bi yumma vi’atma hunukoma ïna lùbi: C’est le fils de ta mère qui te dira que ta bouche pue (seul un véritable ami t’avertira de tes défauts).
Yitere ïna yaha do yaha do yida, so koi gal yahata do yida, ‘abada: l’oeil va où il ne veut pas, mais le pied ne va pas où il ne veut pas, jamais. (si je ne t’aimais pas, je me contenterais de te voir quand je te rencontre, mais je ne viendrais pas chez toi).
Ber »de wanâ hôfûru saka hôfe – Le cœur n’est pas un genou, pour qu’on le plie.
Fayi, fôdi, ko fâli heire?- Gras, maigre, qu’importe au cœur?
Dattu gido yida ko yidi, ngasabu sa vil dum yo dattu ko yidi, yida ko jidno, ‘ayma: Laisse celui qui aime aimer ce qu’il aime, parce que si tu lui as dit qu’il laisse ce qu’il aime, il aimera ce qu’il aimait et te haïra.
En conclusion l’origine des Peuls est liée à l’Égypte, ils n’étaient pas blancs, mais Noirs de par leur couleur, leur langue, et leur culture.