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Congrès de Marseille : de l’importance de protéger le pangolin et l’hippopotame

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Cette année, au cours du congrès de Marseille, presque tous les orateurs ont reconnu que la biodiversité de la planète est menacée. Même les mammifères marins et les vieilles forêts ont été au cœur des débats. Les différents débats se sont aussi appesantis sur l’extinction de deux animaux : le pangolin et l’hippopotame, bien que figurant déjà sur la liste rouge. Mais ils ne sont pas les seuls à être en danger d’extinction à cause de l’homme.

Les principales menaces qui pèsent sur l’hippopotame et le pangolin sont la chasse pour la viande, les écailles, pour les canines et la diminution drastique de l’habitat. Le déclin des hippopotames est spectaculaire et s’est produit dans un temps record. Notamment en Afrique Centrale, à cause des trafiquants d’espèces sauvages protégées, 95% des effectifs, selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), ont été décimés dans les années 2000. Il reste aujourd’hui entre 128000 et 148000 hippopotames en Afrique.

Selon un rapport de 2017 du Fonds International pour la Protection des Animaux (IFAW), le nombre de saisies de pangolin a augmenté dans le monde entier. Et, le rapport d’ajouter que le Nigeria est souvent le point de départ de ce trafic à destination de l’Asie : 10,4 tonnes de produits issus du pangolin en provenance du pays d’Afrique de l’Ouest ont été saisies en 2016. En 2019, ces saisies s’élevaient à 53,9 tonnes.

Contrairement aux grands mammifères du continent, le pangolin n’est pas traqué pour devenir un trophée mais pour être revendu en Asie. Sur ce continent, sa viande est un met de luxe, et ses écailles entrent dans la composition d’une poudre prétendument miraculeuse.

Pour estimer l’ampleur de la chasse aux pangolins, les chercheurs de l’ONG Wild Aid ont analysé des données issues de 113 sites, dont les  pays d’Afrique Centrale, principalement le Cameroun, la République centrafricaine, la Guinée équatoriale, le Gabon, la République démocratique du Congo et la République du Congo. Résultat, plus de 50 saisies majeures de produits issus du pangolin ont été comptabilisées entre 2015 et 2019. Rien qu’en 2018 et 2019, plus de 130 tonnes d’écailles de pangolin ont été interceptées par les autorités de différents pays. Le plus souvent à l’aide de pièges, bien que leur utilisation soit illégale dans la plupart des régions de l’étude.

Ainsi, le pangolin et l’hippopotame ont depuis, rejoint la longue des animaux menacés de disparition. Mais cela n’émeut en rien les trafiquants qui continuent d’appauvrir la biodiversité mondiale. Aussi, d’autres comme la gazelle dama, jadis la plus répandue au Sahara, ou encore plusieurs espèces de requins, des poissons vivant dans les grands fonds marins, sont également au bord de l’extinction.

Selon l’UICN, plus de 40000 espèces ont été répertoriées et actuellement, 16119 d’entre elles sont menacées d’extinction. Parmi ces espèces en danger, un tiers sont des amphibiens, c’est-à-dire des animaux pouvant vivre sur terre et dans l’eau ; un quart sont des arbres, des conifères ; un quart concerne la famille des mammifères ; et les oiseaux constituent un huitième de l’ensemble.

La liste réactualisée de l’UICN au congrès de Marseille du 03 au 11 septembre 2021, indique que près d’un tiers des espèces sont aujourd’hui menacées dans le monde. De nombreux écosystèmes sont aussi menacés, comme les zones humides par exemple, lesquelles ont perdu 50 % de leur superficie au niveau mondial. Ainsi, 784 espèces sont officiellement éteintes. Pour 65 autres espèces, la survie a été rendue possible en captivité pour certains animaux et par le biais de cultures pour plusieurs espèces végétales.

Le trafic des espèces en voie d’extinction dont l’hippopotame et le pangolin provient d’abord des trafiquants qui activent les braconniers par des billets de monnaies, associé à cela, la sous-information et la pauvreté de la majorité de la population. Il faut aussi ajouter un manque d’encadrement efficace des populations sur les questions de la protection des espèces.

Pourtant l’hippopotame est non seulement, l’ingénieur de l’écosystème à cause de sa capacité d’étendre les prairies mais aussi joue un rôle important dans la biodiversité. En déféquant dans les rivières, il les enrichit avec du silicium, un élément indispensable à la croissance de micro-algues essentielles à l’écosystème des rivières africaines. Le pangolin lui, est un élément essentiel de la chaîne alimentaire et contribue aussi à l’équilibre de l’écosystème.

Au Togo, l’hippopotame et le pangolin sont intégralement protégés. Si on ne connait pas le nombre exact de pangolin vivant dans le pays, on compte environ cent hippopotames dans la vallée du Mono, communément appelée la marre d’Afi qui compte à elle seule, plus d’une trentaine d’hippopotames, selon le rapport de l’ONG CDAC.

La détention, la circulation et la vente de trophées d’hippopotames, sont punies par les articles 761 et 796 du nouveau Code pénal du Togo. « La destruction et la commercialisation, directe ou indirecte, sans droit d’espèces animales ou végétales protégées en vertu des dispositions législatives et réglementaires en vigueur et des conventions internationales auxquelles la République du Togo est partie est punie d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinquante millions sans préjudice de toute autre disposition du présent code », énonce l’article 761 du nouveau Code pénal.

Pourtant, dans le fleuve Mono, le fleuve Oti ou dans les marres et lacs du sud du pays, les hippopotames sont chassés même si on reconnait que la chasse reste une activité traditionnelle. En mars 2018, douze braconniers ardemment armés ont attaqué un hippopotame dans le canton de Sendomé, le fief de ces espèces menacées. Attaqué dans la zone de Atikpatafo, juste à 500 mètres de la marre d’Afi, l’hippopotame s’est battu bec et ongle pour ne pas se laisser dans les mains de ses ennemis. Malheureusement on le retrouve mort le lendemain dans l’après-midi.

La lutte contre le trafic illégal de l’hippopotame et du pangolin nécessite une prise de conscience des populations. Il revient également aux populations de devenir leur propre gardiens afin de sauvegarder les espèces rares et de permettre leur pérennité dans les pays où ils vivent encore comme l’hippopotame malgré les braconnages ici et là.

Qu’il s’agisse de la chasse entraînant le déclin rapide d’une espèce, ou du réchauffement de la planète, ou encore de la pêche avec ses filets toujours plus longs, l’homme est toujours responsable du recul et de la disparition des espèces animales. Ainsi, la lutte contre le trafic illégal des espèces en voie d’extinction nécessite des actions concrètes: les arrestations et les poursuites judiciaires et condamnations de tout contrevenant. (EAGLE-Togo)

Nicolas Koffigan E. ADIGBLI

Journaliste, Maître en Communication

Directeur Aspamnews, DP « Le Nouvelliste »

tél: (228) 90862116/99282717

Facebook: Nicolas Koffigan, Skype:nicokoff