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« Ce n’est pas la rue, l’opposition, la pauvreté, la gabegie, ni même le colonel Doumbouya qui ont fait chuter Alpha Condé. C’est lui-même et sa personnalité omniprésente, omnisciente… », François Soudan

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Deux mois, en ce début novembre. Deux mois qu’il ronge son frein comme un vieux lion en cage, quelque part en un lieu tenu secret par ses geôliers dans la presqu’île de Kaloum, commune de Conakry. Rien à voir certes avec les cellules infectes de la prison centrale dont il fut l’hôte pendant plus de deux ans, au tournant des années 2000. Mamadi Doumbouya, le chef de la junte qui l’a renversé à l’aube du 5 septembre, s’est engagé auprès des chefs d’État de la région à ce qu’il bénéficie de conditions de détention décentes : chambre, salon, soins, repas préparés par son propre cuisinier, appareils de fitness. Tout, sauf l’essentiel, ce qui fait la différence entre un homme libre et un prisonnier : des interlocuteurs et un téléphone.

« Un téléphone ? » s’exclame devant moi l’un de ses ex-pairs avec qui il eut souvent maille à partir. « Vous n’y pensez pas ! Autant lui remettre une grenade dégoupillée entre les mains, personne ne peut contrôler Alpha Condé ! »

Jugé radioactif

Personne, effectivement. À commencer par le colonel Doumbouya, qui semble décidé à maintenir sous étroite surveillance un personnage jugé radioactif, le temps de consolider son propre pouvoir – c’est-à-dire sine die. À commencer aussi par les chefs d’État, beaucoup plus préoccupés, en Guinée comme au Mali, par la durée des transitions militaires que par le sort de leurs camarades déboulonnés.

Jeuneafrique