Vouloir attribuer le nom de l’ancien président Ahmed Sékou Touré à l’actuel aéroport de Conakry est une une décision populiste et démagogique.
N’est-ce pas que le palais présidentiel porte déjà son nom ?
N’avons-nous pas d’autres héroïnes du nom de M’balia Camara, Hadja Mafory Bangoura?
Pourquoi l’État guinéen n’a jamais accordé de l’importance au rôle de la femme guinéenne dans l’épanouissement et l’émancipation des peuples de Guinée ?
Lorsque putschiste, on hérite d’un pays exsangue habitué à amorcer la naissance de nouveaux clivages ethniques.
Un pays disons sans État et un peuple sans espoir qui se désagrège, se déshumanise et s’enfonce depuis 63 ans grâce à la manipulation politique sur fond de conflit à caractère ethniciste.
Lorsqu’on devient président d’un pays où les crimes et exactions à relent ethnique, à l’image de ceux qu’on a vécu récemment dans la région forestière guinéenne, sur l’axe de la démocratie à Conakry, en moyenne Guinée, en basse Côte.
On évite de jouer sur des numéros d’ équilibrisme fantaisiste, de façade pour susciter le soutien de tout le monde.
Laissez ce choix au futur président de la République de Guinée issu d’élections libres et transparentes!
Car la priorité consiste d’abord à réconcilier le peuple de Guinée avec soi et à concilier la liberté et la justice.
Et le seul langage qu’il faut parler doit être celui de la justice, de l’équité, de réconciliation et de solidarité des peuples. Ce qui sous-entend qu’il faudra être en mesure de maintenir la balance d’une justice égale pour tous.
Et il ne faut surtout pas occulter que le processus d’exclusion, comme seul projet de gouvernance du régime déchu, avait déjà atteint son point culminant le 22.03.20 et ces plaies sont encore béantes et tout comme beaucoup d’autres plaies dans ce pays.
Une situation qui justifie aujourd’hui la radicalisation et l’amplification de l’ethnisme orchestré par les différents régimes dans ce pays.
Et maintenant quelle est l’utilité de venir nous dire que l’aéroport de Conakry doit porter le nom du très controversé président de la République Ahmed Sékou Touré qui pour certains était un héro et pour d’autres juste un sanguinaire ?
Si vous continuez sur cet élan, votre échec ne va plus tarder.
Votre coup de force risque donc de marquer une nouvelle étape dans le délitement total de la situation du pays puisque vous êtes en train de vous éloigner de vos objectifs primaires et de créer vos propres obstacles.
Aïssatou Chérif Baldé.
Politologue, Journaliste Hambourg.